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Ça brûle ø Chien méchant ø Agenda

Édito

Le Mondial des masses « Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens. » Avec une phrase pareille Joseph Blatter, président de la Fifa, a certainement contribué à ce que, même au pays du ballon-roi, les gens ne veuillent plus jouer le jeu. De même le ministre des Sports, Aldo Rebelo, membre du parti communiste brésilien, avertissait, le 18 juin, qu’on ne lui gâcherait pas sa petite fête : « Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser. »

C’est pourtant une révolte générale qui a secoué le géant brésilien durant deux semaines et a poussé le gouvernement de Dilma Roussef à faire des concessions. Impulsé par le Mouvement pour la gratuité des transports, qui lutte depuis 2005 contre les tarifs prohibitifs1, les mobilisations ont remporté l’annulation de la hausse du prix des tickets de bus et de train et dénoncé au passage la corruption des politiques, les hausses des prix, le manque de moyens en matière de l’éducation et de santé et, bien sûr, les millions de fonds publics investis dans la préparation de la Coupe du monde de 2016.

Mais au-delà du Brésil, ces manifestations participent d’une même lame de fond mondiale, depuis les soulèvements dans les pays arabes puis à travers les mouvements des « indignés ». Elles ont pour point commun l’absence d’idéologie politique ou religieuse directrice et pour ligne de mire une revendication spontanée de justice sociale et la défiance vis-à-vis d’une gouvernance inatteignable, technocratique, autoritaire. Ces mouvements sont généralement initiés par une jeunesse urbaine et éduquée, à l’aise avec les réseaux sociaux, issue pour beaucoup des classes moyennes de fraîche date, dont l’horizon se retrouve bouché, et qui n’hésite pas à appuyer les luttes sociales et ouvrières. Au Brésil, les manifestants se sont insurgés contre les grands projets liés la coupe du monde de football, et en Turquie sur la place Taksim, ils ont pris prétexte de la construction d’un centre commercial et d’un édifice religieux. La toile de fond reste la même : la restructuration urbaine mondialisée, la relégation des pauvres hors des centres-villes, la privatisation de l’espace public.

Ces mouvements par leur modernité sont plus difficilement « matables » que les traditionnels soulèvements de pauvres, ils n’en constituent pas moins de sérieuses épines dans le pied de ceux qui voudraient agir sans rendre de comptes. Pour reprendre l’expression d’un slogan jubilatoire de la place Taksim : « Restez calme et soyez un vandale ! »

La Rédaction de CQFD

Les dossiers

Taksim place des fêtes : reportage à istanbul. En Turquie, une « révolte sentimentale » > Pendant les quinze premiers jours de juin, un large pan de la société turque s’est opposé, dans la rue, à la politique et au mépris du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. CQFD a envoyé un de ses chômeurs heureux sur le Bosphore prendre le pouls de cette révolte inattendue, et recueillir les impressions à chaud de manifestants ayant flirté avec la solidarité et l’auto-organisation. S’ils n’ont pas changé le monde, ils en ont modifié leur vision.

GreenWashing : le bio à la masse. Centrale à charbon de Gardanne et déforestation des cévennes : Le châtaignier sort du bois. > Réduire la part des combustibles fossiles tels que le charbon, le gaz, le pétrole, et aussi l’uranium, dans la production d’énergie électrique, voilà bien une nécessité impérieuse. Avec « énergie renouvelable », joli écho au « développement durable », on a la solution consensuelle pour un avenir radieux. Pourtant, nombreux sont ceux qui doutent, notamment des Cévennes au Morvan, de la dimension verte de ces énergies. Surtout que les projets en cours, essentiellement, autour de la biomasse, sont financés à grands renforts de fonds publics pour le seul profit d’industriels très peu sensibles aux questions sociales ou environnementales et encore moins enclins à conduire leur activité dans la concertation avec les populations concernées.

Les articles

Antifa « No pasaran », disent-ils. > Quelques semaines après la mort de Clément Méric, CQFD a rencontré trois antifas marseillais qui, entre confrontations directes et aspirations à un bouleversement social généralisé, expliquent leur combat, leur choix et leur projet.

Pirates : Dans les filets de l’État français > En France, fin mai 2012 et en janvier 2013, se sont tenus, dans l’indifférence générale, des procès de « pirates somaliens » accusés d’avoir pris à l’abordage, respectivement, le Ponant et le Carré d’As en 2008 dans l’océan Indien. Ces « flibustiers », que l’armée française avait capturés et exfiltrés et que les médias ont d’abord présentés comme des terroristes, apparaissent plus clairement comme les victimes expiatoires d’un conflit asymétrique entre les plus démunis des démunis et le capitalisme surarmé. Le collectif Iskashato, avec nos camarades des éditions l’Insomniaque, reviennent dans un ouvrage intitulé Frères de la côte, sur le contexte et la nature de la piraterie dans l’océan Indien, ainsi que sur les comptes rendus de ces procès passablement occultés. Nous reproduisons ici en bonnes feuilles des extraits de l’entretien avec Yusuf Ahmed Mohamed, un des pirates relâchés, qui a eu le tort de s’être retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Egypte : Révolution, saison 2 ? > En égypte, une expression s’est répandue parmi une partie des manifestants qui ont finalement réussi, avec l’aide de l’armée, à chasser le président Morsi : la « ballotocracy ». Elle désigne cette caste issue des urnes et installée au sommet de l’état, mettant en cause du même coup ce principe qui voudrait qu’une fois les élections passées, chacun rentre chez soi et abandonne le champ politique. « Nous ne risquons pas nos vies juste pour changer de joueurs », affirmait sur CNN le 1er juillet, Khaled Fahmy, bloggeur et professeur d’histoire à l’université américaine du Caire. Le 5 juillet, au lendemain de l’éviction des Frères Musulmans, CQFD a voulu poser quelques questions à Ayman, un des acteurs anonymes de ce vaste mouvement qui affirme que la révolution est loin d’être achevée. Même si à l’heure où nous mettons sous presse, il est difficile d’anticiper sur des développements extrêmement rapides qui pourraient mener le pays à la guerre civile.

Rap : La solitude du rappeur de fond > Rocé est un rappeur singulier. Discret mais déterminé, il connaît la force du long terme sur le buzz médiatique, à l’instar de son père, Adolfo Kaminsky, faussaire au service de la lutte contre le nazisme puis contre le colonialisme. Rencontre avec une des plus fines lames de la scène rap.

Rafle : Valls avec les bleus > À Paris, le 6 juin dernier, alors que la mort de Clément Méric occupait toutes les attentions émues, une rafle de sans-papiers, comme on n’en avait pas vu depuis des lustres, se déroulait à Barbès.

Les chroniques

Revue des revues > Présentation des dernières parutions qui frappent.

Billet > Coups de pieds contre le nucléaire

Queen Kong Theory > Changer la société sans quitter son lit

Saute Frontières > Le « changement » dans la continuité

« Ça fait dix-sept ou dix-huit fois qu’on vient là… » Comme chaque samedi depuis février, les militants du 9 e collectif des sans-papiers battent le pavé place de la Bastille à Paris. Les riverains se sont habitués aux nombreux fourgons de police garés le long des trottoirs qui bloquent le rassemblement à la sortie du métro. Sur le front des régularisations, ça empire…

Rage Dedans > Bon et méditatif

Je vous écris de l’usine > Adieu patron !

Vieux dossiers de Seb > Genève 1932

Mais qu’est-ce qu’on va faire de… > Pierre Gattaz

Media > Police quotidienne régionale

Cap sur l’utopie > Trois icônes de la déconne

Culture > Avignon : Théâtre, vers un retour du politique ?

Ma cabane pas au Canada > L’Appel de la forêt

Installés en habitat mobile dans la haute vallée audoise, des habitants se sont fait déloger par les autorités malgré un gros travail d’entretien de la forêt. « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes une partie de la nature qui se défend », de Nantes à l’Aude, ce credo de la ZAD essaime.


1 L’exemple des tarifs des transports, parmi les plus chers du continent américain, est symptomatique des inégalités au Brésil : avant même la hausse annoncée puis retirée, un travailleur pauvre devait dépenser près d’un quart de son salaire pour se déplacer dans des transports publics déficients et bondés.

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