Une Vendée & des vendus

Zad de la Dune : pas de confinement pour les incendiaires

L’occasion fait le larron. Alors que la France confine, le maire de Brétignolles-sur-Mer (Vendée) a trouvé une manière particulièrement retorse d’expulser une Zad locale installée en opposition à la construction d’un port de plaisance. Tout en douceur…

Selon que vous serez puissant ou misérable1, le confinement sera à géométrie variable. Depuis octobre 2019, une Zad contrecarrait le projet de port de plaisance de Brétignolles-sur-Mer, en Vendée. Une épine dans le pied du maire et président de la communauté de communes, Christophe Chabot, qui avait bien du mal à supporter cette atteinte à son rêve de pharaon local : détruire une dune classée, une zone humide classée et une zone verte agricole pour creuser les 40 hectares du port controversé2. Une expulsion étant impossible en cette période de trêve hivernale prolongée pour cause de pandémie, l’édile cherchait le moyen de se débarrasser de ses encombrants opposants.

Début avril, l’occasion lui en a été donnée, quand une voiture a forcé les chicanes construites par les zadistes, écrasant un de leurs chiens. Pur accident ? Les zadistes, ayant déjà subi de nombreuses provocations, pouvaient en douter. Quoi qu’il en soit, certains d’entre eux, en colère, s’en prirent à la voiture et à ses occupants, dégradant celle-ci et malmenant un peu ceux-là.

Le prétexte était trouvé. Aussitôt, une cinquantaine de gendarmes accompagnés d’un hélicoptère embarquaient tous les occupants de la Zad (une quinzaine de personnes), les autorités précisant qu’il ne s’agissait pas d’une expulsion mais d’une « opération de police » justifiée par la nécessité d’intervenir après des « affrontements ». Judicieux maquillage pour une action qui aura permis de vider la Zad à un moment où ses habitants ne pouvaient espérer rallier des soutiens.

Emmenés dans différents postes de gendarmerie de la région, parfois assez loin de Brétignolles, les interpellés étaient relâchés à la nuit tombée, parfois sans lieu où loger et sans « dérogation » pour circuler.

Profitant de la situation, des employés municipaux « aidés » par environ 70 « bénévoles » rassemblés par le maire3 » nettoyaient » la zone, détruisant tout. Ils mettaient le feu aux cabanes – qui contenaient tout ce que les zadistes avaient dû laisser en se faisant embarquer, dont de nombreux effets personnels, du matériel informatique et des équipements divers (couchage, cuisine, etc.). Ces courageux redresseurs de torts ont également lâché les animaux (poules, chiens, cochons) dans la nature et saboté plusieurs véhicules.

Interpellée par de nombreux opposants au projet de port, stupéfaits de voir qu’un cacique local pouvait faire fi de toutes les règles de confinement pour réunir une milice n’ayant d’autre but que détruire, la préfecture a répondu ce qui suit : « Les bénévoles qui ont participé au nettoyage des lieux l’ont fait au titre de la participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative (dérogation prévue par les textes – ils étaient porteurs d’une attestation en ce sens). »4

Plusieurs associations d’opposants comptent porter plainte. Les zadistes « gardiens de la dune », eux, prévoient d’appeler à un grand rassemblement de réoccupation festive sur les lieux dès la fin du confinement. À suivre.

Gérard Lancien

1 En référence à une fable de Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste.

2 Lire « Balance ton port », CQFD n° 181 (novembre 2019).

3 Ouest-France (10/04/2020).

4 Réponse à un courrier de Martine Lucé, présidente de l’association Demain Brétignolles et membre du conseil d’administration de l’association de défense de l’environnement La Vigie, reproduite sur le site NDDL-Poursuivre-ensemble.fr.

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