Vivons aujourd’hui ce que nous désirons pour demain

par Rémi

Un des plus embrasants mots de désordre de mai 68, qu’on retrouve dans le chouettissime recueil de l’AAEL et de la coopérative d’imprimerie 34 de Toulouse Affiches contre ! De 68 à nos jours, c’est certes « Vivons aujourd’hui ce que nous désirons pour demain ». Les livres clés retraçant des essais réussis d’utopies ne manquent pas : Alexandre Skirda sur la mutinerie makhnoviste d’Ukraine et l’insurrection de Cronstadt en 1921, Vaneigem sur les communautés iconoclastes hédonistes, Abel Paz et Frank Mintz sur les explosions de liberté durant la guerre d’Espagne, Hakim Bey sur les utopies pirates, Emmett Grogan sur son expérience de digger…

Le désir de vivre autrement tout de suite frétille également dans quelques ouvrages récents. Le gidouillard Autogestion hier, aujourd’hui, demain (éd. Syllepse) est la saga des alternatives expérimentées par les communards de 1871, les grévistes de Lip en France et de Tricotil au Québec, les collectivistes libertaires de Barcelone, les squatters allemands de 1970, les insurgés de Budapest 1956 ou les sans-patrons d’Argentine et de Tower-Collery au pays de Galles. Mais attention, les gustaves !, c’est à la machette critique qu’on est tenu d’avancer dans cette jungle de textes. Car on y célèbre par ailleurs des tonnelées de « révolutions » à la noix de coco (du Venezuela à l’Algérie en passant par la Pologne).

Y a plein de trucmuches à picorer aussi dans la troisième réédition d’Un projet de société communiste libertaire, éditions Alternative libertaire, mais y a un lézard : ça pétille autant d’humour ravageur et d’inclinations pour la jouissance sans entraves qu’une harangue de Marie-George Buffet. Heureusement, y a mieux. Situé en 2012, le très roboratif roman de Cédric Rampeau La Cendre et les étoiles (éd. Le Flibustier) nous acoquine avec de jeunes autonomes ralliés à une fédération d’associations rebelles qui envoient joyeusement à la débourre toutes les formes d’autorité, et qui autogèrent les entreprises, les univs, les centres de soins, instaurant le règne de la gratuité généralisée.

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