Rage dedans
Un complice commercial de l’islamisme
L’autre jour, Manuel Valls a déclaré qu’Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, était un « complice intellectuel » de « l’idéologie du terrorisme » islamiste.
Fichtre, m’ai-je dit, c’est pas rien : faut lui faire un sort, à ce Plenel. Je me suis donc lancé, impromptu, dans une enquête – moustachue – à la fin de réunir des preuves de cette accablante compromission. Tu vas rendre gorge, mon gars, j’ai pensé : on va t’exclure du débat public, quelque chose de bien.
Et là : je suis tombé sur de – très – nombreux éléments qui démontrent qu’Edwy Plenel, depuis quelques années, donne régulièrement de la voix – et du stylo – contre l’islamophobie.
Mais je n’ai trouvé aucune trace – aucune, nulle part – d’une quelconque complicité intellectuelle avec des djihadistes homicides.
Par contre, j’ai découvert que Manuel Valls avait bel et bien donné, quant à lui, de nombreux gages à des islamistes – et non des moindres.
Lorsqu’il était Premier ministre, la France a par exemple vendu des armes à l’Arabie saoudite, où le wahhabisme – un fondamentalisme mahométan particulièrement flippant – est religion d’État.
L’Arabie saoudite est un endroit spécialement abominable, où, selon une récente synthèse d’Amnesty International : « La liberté d’expression, d’association et de réunion était soumise à d’importantes restrictions. Des détracteurs du gouvernement et des défenseurs des droits humains et des droits des minorités ont été arrêtés et emprisonnés pour des chefs d’inculpation à la formulation vague. Le recours à la torture et à d’autres mauvais traitements contre les détenus, particulièrement pendant les interrogatoires, restait très répandu. Cette année encore, des tribunaux ont retenu à titre de preuve des “ aveux “ obtenus sous la torture et ont déclaré des accusés coupables à l’issue de procès inéquitables. Les femmes faisaient l’objet de discrimination dans la législation et dans la pratique et elles n’étaient pas suffisamment protégées contre les violences sexuelles et autres. Les autorités ont continué d’arrêter, de placer en détention et d’expulser des migrants en situation irrégulière. Les tribunaux ont prononcé de nombreuses condamnations à mort, y compris pour des crimes qui n’étaient accompagnés d’aucune violence et contre des mineurs délinquants. De très nombreuses exécutions ont eu lieu. Les forces de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont commis au Yémen des violations graves du droit international, dont certaines étaient des crimes de guerre. »
Manuel Valls, bien sûr, sait tout cela.
Mais Manuel Valls s’est vanté d’avoir conclu avec ce magnifique pays des contrats – qui donc portaient notamment sur la livraison d’armes – d’un montant cumulé de plusieurs milliards d’euros. (Et quand François Hollande, alors président de la République, a très discrètement décoré de la légion d’honneur le ministre saoudien de l’Intérieur en mars 2016 : Manuel Valls a proclamé, avec la même bouffissure qu’il met aujourd’hui dans ses lancers de calomnies contre Plenel, que ça ne lui posait aucun problème particulier.)
Manuel Valls est en somme un complice commercial de l’islamisme : il suffit de l’écrire, et tout devient tellement plus simple.
Cet article a été publié dans
CQFD n°160 (décembre 2017)
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Paru dans CQFD n°160 (décembre 2017)
Dans la rubrique Rage dedans
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Mis en ligne le 29.05.2018
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