Toujours plus blanc que blanc
Le Sénat s’inquiète pour la « liberté psychologique des enfants ». Est-ce parce que la France (presque) toute entière s’apprête à fêter Noël et le petit Jésus, en offrant de mini-tables à repasser à de douces et jolies petites filles et de gros flingues à de courageux petits garçons qui ne pleurent pas ? Est-ce parce que beaucoup de leurs mères battues ne porteront toujours pas plainte ? Non, l’inquiétude du Sénat provient de la présence de quelques femmes voilées au sein de crèches ou du domicile d’assistantes maternelles. Présence qui porterait atteinte au principe de laïcité…
Menée au nom de Lafâme, c’est à présent en celui des enfants que la croisade est relancée. Quitte à en passer par l’humiliation de leurs mères, comme ce fut le cas à Montreuil, en interdisant à des femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires. Véritable sport national, l’humiliation d’une partie de nos concitoyens, assise sur la raison et la défense de Lafâme et de l’enfant, se fait au nom d’une laïcité dévoyée, véritable arme de persécution massive. Au nom de quoi abaissons-nous ces populations ? Chez les militants de gauche, l’on entend trop souvent des propos que d’aucuns jugent simplistes : les croyants seraient des… décérébrés (et les décérébrés n’ont que ce qu’ils méritent). Cependant, certains commencent à comprendre que leur mépris soutient de fait le racisme à peine latent de la persécution légitimée de ces populations, et commencent à réagir… très tard. Car les traces que ces vexations répétées laissent dans les cœurs sont indélébiles. L’enfant qui aura vu sa mère se faire refouler de son école comme une terroriste en puissance n’est pas prêt de l’oublier ; la femme qui se verra traitée en paria, non plus. Et nous, les blancs, les athées, les croyants mainstream, nous participons à cela, par notre silence, notre approbation tacite ou pire, notre soutien. Notre société, dans un double mouvement, se refuse à voir les violences masculines faites aux femmes et aux enfants, et désigne un ennemi commun pour faire diversion.
Peu importe (ou presque) ce que fait l’homme blanc. Il sera toujours bien moins pire que l’autre, le musulman. Blanchi, il sait qu’il a le droit de faire ce qu’il veut avec ses femmes, ses enfants et ses populations, en utilisant des opprimées pour en humilier d’autres, au prétexte de protéger les plus faibles. Au final, c’est à une vaste entreprise de blanchiment de l’homme blanc, par l’homme blanc, à laquelle on assiste.
Cet article a été publié dans
CQFD n°95 (décembre 2011)
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Paru dans CQFD n°95 (décembre 2011)
Dans la rubrique Les entrailles de Mademoiselle
Par
Illustré par Tanxxx
Mis en ligne le 25.01.2012
Dans CQFD n°95 (décembre 2011)
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