Quand Israël armait l’apartheid

Sasha Polakow-Suransky n’est pas un dangereux émeutier islamo-gauchiste. Ce Juif américain vient pourtant de balancer un pavé dans les gencives de Shimon Pérès, l’insubmersible politicien israélien. Titré The unspoken alliance : Israel’s secret relationship with apartheid South Africa (L’alliance « non dite » : la relation secrète d’Israël avec l’Afrique du Sud de l’apartheid)1, ce pavé de 300 pages apporte de nouveaux éléments sur la collaboration militaire entre Israël et l’Afrique du Sud au cours des années 1970 et 1980.

Au printemps 1975, Pérès, alors ministre de la Défense, et Pieter Botha, son homologue sud-africain, signaient un accord secret qui allait rapporter dans les 600 millions d’euros par an aux marchands de canons israéliens. Malgré l’embargo sur les armes décidé par l’ONU en novembre 1977, les ventes se poursuivront jusqu’à la fin de l’apartheid. On apprend aussi que Pérès était disposé à vendre jusqu’à huit ogives nucléaires à ses potes afrikaners. Si l’affaire ne se fit pas– trop cher pour l’Afrique du Sud qui développait à grands frais sa propre bombe –, Pretoria fournit 500 tonnes d’uranium à son allié, Tel Aviv en retour lui fourgua 30 grammes de tritium, une substance qui booste les bombes thermonucléaires.

Aujourd’hui devenu président d’Israël, Shimon Pérès ne manque pas une occasion de dénoncer les infractions à l’embargo onusien contre l’approvisionnement en armes du Hezbollah libanais. C’est encore lui qui exige les sanctions les plus dures contre l’Iran, soupçonné de développer secrètement un arsenal nucléaire. Comme on le voit, il a bien mérité son prix Nobel de la paix. Dommage qu’il n’y ait pas un prix Nobel de l’hypocrisie, il serait sûr de l’avoir.


1 Éd. Panthéon, 2010.

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