Printemps tragique rue Consolat

La camarde a fauché Gilbert Roth (1945-2015) un pilier du Centre international de recherches sur l’anarchisme (Cira), nos voisins du 50. Lorsqu’il jetait l’ancre à Marseille, Gilbert s’arrêtait au local de CQFD saluer les présents, tandis qu’il allait faire les courses pour préparer un bon gueuleton ou qu’il revenait de la boîte postale du Cira. Puis, il disparaissait quelques semaines.

Car Gilbert avait la bougeotte, sillonnant les routes pour rendre visite aux vieux potes, bourlinguant de caves en petits producteurs pour son boulot de représentant en pinard et par passion de la bonne boutanche. Avec sa barbe de boucanier ou de patriarche anar du XIXe siècle, Gilbert a écumé les salons du livre libertaire de France et d’Europe, faisant escale à Merlieux, Toulouse, Florence, Lisbonne pour tenir le stand du Cira Marseille.

Il a contribué au mouvement anarchiste à sa façon de franc-tireur bon vivant. Gilbert a lancé les cuvées du Cira qui ont contribué à l’achat du local actuel, s’occupant aussi bien de sélectionner le vin que d’obtenir des dessins originaux de dessinateurs connus, comme notre pote Charmag. Il a aussi financé bien des causes en exerçant l’activité plus risquée de monte en l’air, ce qui lui a valu de se retrouver quelques fois au cachot. En 2009, il racontait à CQFD, sous un pseudo, les ficelles de son petit artisanat1.

On the road again, il est mort pendant son sommeil chez un copain à Limoges, en transit vers la Foire internationale du livre libertaire et alternatif de Gand. Comme il se doit sa disparition a été bien arrosée.

Mais la vie continue ! D’un côté, nous saluons la venue au monde de Marwan. De l’autre, vous tenez entre les mains un numéro spécial de 24 pages  ! Loin de se laisser abattre, on va de l’avant  ! à l’abordage ! Vive la vie !


1 « Je monte en l’air », CQFD n°66.

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