Pakistan : c’est la boulette orientale !

Le 26 novembre, les États-Unis ont décroché le pompon. Lancées à la poursuite de talibans qui avaient franchi le Rio Grande pour leur échapper, des Forces spéciales héliportées ont confondu un fortin militaire pakistanais avec un nid de terroristes. Bilan de la boulette : vingt-quatre soldats tués et une éruption de colère au Pakistan qui oblige le pouvoir à montrer les dents. Islamabad a boudé la conférence de Bonn sur l’avenir de l’Afghanistan et fermé pour une durée indéterminée la frontière où passe une grosse partie du ravitaillement des troupes de l’Otan. Mais ce n’est pas la première fois, et les logisticiens du Pentagone ont ouvert des routes de rechange. C’est plus embêtant pour la CIA qui doit évacuer fissa la base aérienne de Shamsi dans la région du Balouchistan. Louée en 1992 aux Émirats Arabes Unis, la base est sous-louée en 2001 à la CIA pour héberger les drones qui font des cartons en Afghanistan et dans les zones tribales pakistanaises. Avec le temps et son cortège de dégâts collatéraux, les relations entre sous-locataire et propriétaire sont devenues houleuses. En janvier suite aux exploits d’un sous-traitant de la CIA1, il y avait eu un premier avis d’expulsion non suivi d’effet. En mai, nouvelle menace suite à l’assassinat de Ben Laden, préparé en cachette des autorités et exécuté sans leur aval. Cette fois, c’est le carton rouge, l’évacuation de la base a commencé. Même si ce n’est qu’une dispute entre alliés qui finiront par se réconcilier sur l’oreiller, le ménage repartira pour un tour de manège de plus en plus désenchanté.


1 Raymond Davis, « diplomate » états-unien, a refroidi deux gus dans les rues de Lahore, au Pakistan, en janvier dernier. Cf. CQFD n°87.

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Paru dans CQFD n°95 (décembre 2011)
Dans la rubrique Billets

Par Georges Broussaille
Mis en ligne le 26.01.2012