Si j’ai bien compris, « l’affaire des quotas » du foot tourne [1] autour des joueurs « binationaux », qui, dès tout petits, qui viennent jusque dans nos bras apprendre à dribbler à nos frais – et qui, sitôt qu’ils savent, n’ont d’autre hâte, les petits salauds, que de tracer la route nach le Bayern de Münich.
C’est genre : t’es carrément un gros salaud, Mamadou. On vient te chercher au trou du cul du monde, dans la putain de savane où tu psalmodies de rauques mélopées en espérant qu’elles éloigneront le méchant lion des cases où les femmes concassent le mil, on te ramène chez nous, on t’apprend un sport d’équipe – et toi, sale traître, dès que t’as marqué deux buts, qu’est-ce tu fais, au lieu de rester à Auxerre ? Hein ? Tu te casses à Liverpool, fucking bastard.
Bon, mais prenons, par exemple, le sélectionneur de l’équipe de France de football : Laurent Blanc [2]. Où c’est qu’il a appris à jouer, Laurent Blanc ? Au centre de formation de Montpellier (Hérault, France) – ou dans l’archipel des Moluques ? Réponse a : à Montpellier.
Et après ça, quand il a su reconnaître un ballon d’une moissonneuse-batteuse, il est resté là, Laurent Blanc – à remercier tous les matins la Mère Patrie [3] de l’avoir si généreusement sponsorisé ? Ou pas ? Réponse b : pas.
Au début des nineties, Laurent Blanc est parti en Italie – direction Napoli. Puis revient en France, d’où il s’est rebarré quelques années plus tard, pour intégrer le Barça.
Et alors, ce qui est curieux, c’est que personne n’en parle, dans cette « affaire des quotas ».
Tout le monde se pignole sur les ingrats étrangers qui se laissent recruter par des clubs pas-de-chez-nous après qu’on a prélevé dans nos impositions de quoi leur muscler le tibia, mais personne ne relève que nos blancs joueurs natifs de Brèche-les-Jonquilles (Rhône-et-Loire) font exactement la même chose, quand ils entendent monter dans l’air du soir, et d’au-delà des frontières, l’émouvant appel du billet vert – cooome on, baaaby, viens me palper la fraîche.
En clair : les instances footiques exigent des natifs d’ailleurs qu’ils fassent la preuve d’un patriotisme à deux balles dont elles dispensent très gentiment les Auvergnats de souche.
À ce compte-là, je serais Claude Guéant, je me préparerais à me recycler après 2012 dans le ballon rond : le mec a, clairement, des prédispositions.