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Parmi ses autres cibles de prédilection : Greta Thunberg, les antinucléaires, les anti-glyphosate, Anne Hidalgo, les militants LFI, les féministes, etc. Bref, si tu as le malheur de dévier un chouïa des mantras de l’économie et de l’agriculture productivistes, tu as de fortes chances de te prendre un scud de la dame. Il faut dire qu’elle bosse pour ce canard pro-Medef qu’est L’Opinion, rebaptisé par Mediapart « le journal des milliardaires » – ça aide. Qu’elle officie sur Europe 1 – version Bolloré –, ça n’incite pas à la décroissance forcenée. Et qu’elle intervient régulièrement dans des assemblées bien achalandées, comme la réunion annuelle de l’Union des industries de la protection des plantes (lobby des pesticides) ou à une table ronde en Autriche de la Fédération des entreprises de boulangerie (apôtres de la Brioche dorée & Cie) – ça encourage. Rémunérée pour ça ? Elle assure que non. Et on est prié de la croire, même si Libération lui a mis le nez dans la sauce, prouvant qu’au moins l’intervention autrichienne avait une contrepartie financière [1].
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À suivre sa carrière et ses interventions pleines de bile, on se dit qu’elle est presque un peu trop caricaturale. Une sorte de méchante de film, qui se partage avec sa consœur Géraldine Woessner d’Europe 1 les positions d’outrancières soufflées par l’industrie. L’auteur de l’article de Libé sur ses « ménages » aurait d’ailleurs fait les frais de sa colère, via un faux compte Twitter créé spécialement pour le traîner dans la boue [2]. Classe.
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Largement critiquée et dotée d’un solide dos rond (il faut le reconnaître), Emmanuelle Ducros a pourtant ses fans. Ainsi de cette publication férocement indépendante qu’est Le Betteravier français, « le journal de référence […] de la betterave-sucre et des grandes cultures », qui en novembre dernier lui donnait la parole, en compagnie de sa consœur Woessner. Titre du papier : « Deux journalistes connectées au réel ». Et dès les premières lignes, cette déclaration d’amour : « Elles dénotent par leur approche intellectuelle factuelle, rigoureuse et honnête. Pour elles, la vérité est avant tout une adéquation au réel et pas une rumination d’idéologies préconçues. » Le reste est à l’avenant. Une manière de rappeler qu’au-delà de débats techniques (notamment en défense du nucléaire, son grand combat), madame Ducros est clairement affiliée à un camp, qui lui sait gré d’inciter à la poursuite de la course vers l’abîme productiviste. À Emmanuelle Ducros, les fossoyeurs du vivant reconnaissants.
[/Gérard Maire/]