Libération surveillée
C’est bien connu, l’été arrivant, tous les magazines féminins parlent un, de régime, deux, de cul. En les feuilletant, on apprend notamment que la contraception aurait libéré Lafâme, cette dernière s’étant réapproprié une sexualité qui se serait détachée de sa fonction de reproduction (tout cela ne concerne évidemment que Lafâme svelte, l’autre, la grosse, devant préalablement se libérer de ses kilos).
Cette révolution se serait produite, selon Biba et cie, durant les années 1970, avec l’avènement de la contraception (avant ces fastes années, point de contraception, visiblement). De l’avis de beaucoup de femmes – et de féministes –, toutes ces évolutions seraient vachement chouettes. Rendez-vous compte de notre incroyable chance : pouvoir se coller à poils (pardon, sans poils), les pattes écartées chez un gynéco dès « le début des relations sexuelles » (qui commencent uniquement avec la pénétration d’un pénis dans notre sacro-saint vagin, antre de la nature féminine et de la maternité). Une chance, donc, qui te permet de ne jamais refuser une partie de jambes en l’air libérée, puisque tu PEUX le faire, il n’y a pas de risque de grossesse. Tu PEUX donc imiter l’acte reproductif avec ton médicament-libérateur empêchant la reproduction.
C’est ÇA le progrès, c’est ÇA « la sexualité détachée de la reproduction » : imiter le coït reproductif en prenant un médicament-libérateur-anti-reproduction. Tu PEUX donc le faire, mieux, tu DOIS en avoir envie et aimer ça, selon Biba, au moins trois fois par semaine. Enfin libérée, Lafâme peut donc avoir « un enfant si elle veut » (si elle veut être « normale »), et « quand elle veut » (ni trop tôt – c’est irresponsable, ni trop tard – c’est irresponsable, ni trop souvent – c’est irresponsable, surtout quand on est pauvre et/ou immigrée).
En attendant la ponte, il faut s’épiler et maigrir pour s’offrir, désireuse et chaude, à un acte reproductif tri-hebdomadaire correctement contracepté, en se demandant – en secret – pourquoi on n’arrive pas à jouir grâce à la seule pénétration vaginale (que ledit vagin ne soit que très peu innervé – on parle tout de même du lieu de passage potentiel d’un être humain de trois kilogrammes en moyenne – n’étant visiblement pas une explication rationnelle suffisante).
Imiter l’acte reproductif régulièrement, donc, en prenant garde à ne se reproduire qu’au moment acceptable, un nombre de fois acceptable et dans des conditions acceptables, voilà donc notre libération… très surveillée.
Cet article a été publié dans
CQFD n°101 (juin 2012)
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Paru dans CQFD n°101 (juin 2012)
Dans la rubrique Les entrailles de Mademoiselle
Par
Illustré par Tanxxx
Mis en ligne le 13.07.2012
Dans CQFD n°101 (juin 2012)
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14 juillet 2012, 10:35, par cléo
Tu ne te rends pas compte , le nombre de mariages forcés (dont le mien ) car en cloque , le nombre d’ avortements et de morts dues à la perforation de l’ utérus , (ai vu à l’ hosto) aux infections etc.... et pas d’ angoisse aux rdv des règles , alors oui , je dis vive la pilule