L’eau ne mouille pas

ÉRIC BESSON est, dans Le Monde1, catégorique : il n’a aucunement « fait le jeu du Front national », avec son débat-sur-l’identité-nationale2. Merde alors : il a même, « bien au contraire », porté un rude coup au parti pénique, puisque « ses thèses sont, selon un sondage TNS Sofres, en recul »3.

Du point de vue d’Éric Besson : « Il y a bien sûr une frange ultra-minoritaire de racistes et de xénophobes », au sein de l’électorat fronteux. Mais on y trouve, aussi, plein de « Français qui craignent […] l’ouverture aux étrangers et à l’islam »4, et avec lesquels nous devons gentiment dialoguer, parce que bon : « C’est le tabou, et non le débat, qui entretient les mauvais instincts. »

Éric Besson ajoute que c’est parce qu’on a insuffisamment « débattu » avec ses votant(e)s, que « le Front national est […] passé de 1% à 17% entre 1981 et 2007 ».

Éric Besson, tu l’as compris,veut nous faire penser là qu’il a quant à lui fait de la pédagogie avec les fafs, genre, allons, allons, mâme Dupont, vous dites que vous avez peur des Zarabes, mais, gadez, mâme Dupont : les Zarabes sont des êtres humains comme les autres, et qui ne méritent pas moins d’être aimés que votre voisin Gaston.

Mais, dans la vraie vie ?

Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.

Dans la vraie vie : loin de laver mâme Dupont de ses puantes sanies racistes, la Droite régimaire ultra qui prétend régner sur nos vies (DRUQPRSNV) s’est plutôt consacrée à l’entretien de ses phobies – et lui a même fait confirmer, par son Brice,que dès que les Zarabes sont plus d’un, « il y a des problèmes », HEIN, MÂME DUPONT ?

Aux xénophobes, la DRUQPRSNV n’a cessé, depuis trois ans, de morser5 le message qu’ils avaient au fond bien raison de craindre l’ouverture aux étrangers, ON N’EST P’US CHEZ NOUS,BORDEL, et que s’ils votaient pour Kozy, plutôt que pour les Pen –father & daughter–, Kozy, reconnaissant, bouterait sans désemparer le métèque, par bourriches de 29 000.

Comme l’a fort justement synthétisé Daniel Simonpieri, ex-maire pénien de Marignane : « Beaucoup d’électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. »

Dans la vraie vie, les thèses du Front national ne sont pas du tout. Du tout. Du tout. En recul. Dans la vraie vie : elles sont au pouvoir.