Ça brûle !

Fatal cantal

Déchiré. Piétiné. À tel point que le local de la rue Consolat est jonché de verre brisé, de sang, de fluides corporels divers et peu ragoûtants. Et la belle équipe de rédaction si soudée est désormais plongée dans les affres de la haine et de l’affliction généralisée.

Terrible.

Comme la Première Guerre mondiale, ça a commencé benoîtement, avec pour déclencheur à la François-Ferdinand-refroidi un colis reçu à la rédaction. Un cadeau de lecteurs d’élite, signant leur petit mot touchant – « Merci d’exister ! » – d’un « Les crieurs-crieuses du Cantal ». Dedans, que des merveilles : du vin naturel, du cantal à s’en damner, des courgettes, des caramels, des gâteaux, du sel sauvage, etc. En l’ouvrant, on est tombés à genoux, mains levées vers le ciel : « Nous ne sommes pas seuls dans l’univers ! » Puis on a déposé nos trésors sur la table de la cuisine, en attente du gueuleton du soir.

Il était 14 h 24. L’heure était encore à la paix, à l’amour.

À 15 h 32, Iffik a lancé une remarque un peu sèche à l’intention de Sam, qui traînait dans la cuisine : « Dis-donc, ça fait un moment que t’as déserté ton poste de travail, nan ? Tu fais quoi ? »

Et Sam de répondre, la bouche emplie d’un mélange de cantal et de gâteaux : « Rien rien. Che fais la vaichelle, ch’est tout. »

Légitimement suspicieux, Iffik s’est levé pour vérifier, secondé par Clair, morfalou en chef. Là : stupeur ! Non seulement Sam engloutissait avidement le cantal comme un fourmilier au Salon de la fourmi, mais elle n’était pas seule. Sur le canapé, notre graphiste Cécile nageait à la morse dans une mer de bonbons et de vin naturel. À ses côtés, Tiphaine, croquant à grandes bouchées dans une courgette crue.

Scandale. Empoignade. Règlement de compte à OK Consolat.

On vous épargne les détails de l’étripage. Les rancœurs émergeant de la bataille, telle cette nébuleuse histoire de bouteille de calva disparue. Ou bien les vieux dossiers ressurgissant dans l’aigreur, genre « C’est toi qu’a diffusé sur Internet ma photo en boubou, greluche ? Eh ben va bien te faire cuire le cul ! » Etc.

Sang. Baston. Ultra-violence.

Lendemain de bataille du Cantal, on essaye donc de rapiécer ce qui peut être réparé. De sauver les meubles. Pas gagné. En tout cas, on vous demande, por favor, de surtout ne plus jamais nous envoyer de colis trop tentants, seulement des abonnements. Et on continuera à se nourrir de pâté « marque Repère » et de Villageoise rance, pour lesquels personne ne se bat. Le luxe c’est pas pour nous…

* * *

PS : Eh, on déconne, hein. Envoyez-nous des colis, des lettres, des bisous, on prend tout : boustifaille, picole, gros billets, drogue… Et mille mercis aux valeureux Crieurs-Crieuses du Cantal !

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Paru dans CQFD n°184 (février 2020)
Dans la rubrique Ça brûle !

Par L’équipe de CQFD
Mis en ligne le 06.02.2020