Encore raté. Macron a refermé la brèche avant qu’elle ne puisse s’ouvrir. Imposant l’idée de « trêves » politiques comme on crache à la gueule des urnes, il suspend la désignation d’un nouveau gouvernement une première fois au mois de juillet. Puis, présageant d’un air grave la censure d’un gouvernement NFP, il repousse encore jusqu’à la fin du mois d’août la douloureuse décision. Deux mois d’atermoiements qui permettent au gouvernement pseudo-démissionnaire de continuer pépère sa politique antisociale : diminution et suppression de plusieurs aides pour les travailleurs handicapés, non-renouvellement de près de 500 postes de contractuel·les à la Protection judiciaire de la jeunesse… Deux mois qui auraient peut-être permis aux soc-dems et assimilé·es de faire sauter la réforme des retraites, de l’assurance chômage et d’enclencher, par exemple, la gratuité des repas à l’école publique pour la rentrée.
Sur les plateaux, les éditocrates défendent leur champion : la Constitution n’oblige pas le Président à nommer un·e Premier·e ministre issu·e de la principale force politique de l’Assemblée (comme il est pourtant d’usage). Le 17 juillet, sur le plateau de BFMTV, Besancenot s’inquiète : « une partie des classes dominantes peut être tentée sur le thème “puisque la Ve République ne marche plus, il va falloir passer à autre chose” : une autre République encore plus antidémocratique et encore plus autoritaire ». Et peut-être moins de pouvoir au Parlement qui empêche Macron de dérouler avec encore plus de frénésie sociopathe sa politique libérale-autoritaire ?
À l’heure où sont écrites ces lignes, sortent du chapeau politico-médiatique des candidatures aussi vomitives et antidémocratiques que Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ou… Ségolène Royal ! On en rirait presque si ce n’était si grave. À défaut de parvenir à faire le ménage au moyen d’institutions pas si démocratiques, il faudrait enfin le faire par nos propres moyens. La rue, le nombre et l’organisation collective ? Et une fois qu’on aura foutu Macron dans les poubelles de l’Histoire - dans le bac non recyclable des dictateurs de tout poil où logent César, Gengis Khan, Vlad III l’Empaleur et Napoléon, on remettra tranquillement nos destins sur les rails de l’émancipation. Joli programme, non ?