Edito du n°233
Et le roi des cons sur son trône…
7 juillet 2024, 20 h : stupeur à CQFD. Les travaux pour barricader notre local en prévision de l’arrivée imminente de la police fasciste façon Bardella s’arrêtent soudainement devant le résultat des élections : les nazillons n’ont pas gagné, pour l’instant. Après sept ans de jupitérisme, secoués par des mouvements sociaux en pagaille, une victoire en demi-teinte de la demi-gauche. L’espoir d’un changement de cap politique, plus social, plus écologique, plus féministe et moins autoritaire ?
Encore raté. Macron a refermé la brèche avant qu’elle ne puisse s’ouvrir. Imposant l’idée de « trêves » politiques comme on crache à la gueule des urnes, il suspend la désignation d’un nouveau gouvernement une première fois au mois de juillet. Puis, présageant d’un air grave la censure d’un gouvernement NFP, il repousse encore jusqu’à la fin du mois d’août la douloureuse décision. Deux mois d’atermoiements qui permettent au gouvernement pseudo-démissionnaire de continuer pépère sa politique antisociale : diminution et suppression de plusieurs aides pour les travailleurs handicapés, non-renouvellement de près de 500 postes de contractuel·les à la Protection judiciaire de la jeunesse… Deux mois qui auraient peut-être permis aux soc-dems et assimilé·es de faire sauter la réforme des retraites, de l’assurance chômage et d’enclencher, par exemple, la gratuité des repas à l’école publique pour la rentrée.
Sur les plateaux, les éditocrates défendent leur champion : la Constitution n’oblige pas le Président à nommer un·e Premier·e ministre issu·e de la principale force politique de l’Assemblée (comme il est pourtant d’usage). Le 17 juillet, sur le plateau de BFMTV, Besancenot s’inquiète : « une partie des classes dominantes peut être tentée sur le thème “puisque la Ve République ne marche plus, il va falloir passer à autre chose” : une autre République encore plus antidémocratique et encore plus autoritaire ». Et peut-être moins de pouvoir au Parlement qui empêche Macron de dérouler avec encore plus de frénésie sociopathe sa politique libérale-autoritaire ?
À l’heure où sont écrites ces lignes, sortent du chapeau politico-médiatique des candidatures aussi vomitives et antidémocratiques que Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ou… Ségolène Royal ! On en rirait presque si ce n’était si grave. À défaut de parvenir à faire le ménage au moyen d’institutions pas si démocratiques, il faudrait enfin le faire par nos propres moyens. La rue, le nombre et l’organisation collective ? Et une fois qu’on aura foutu Macron dans les poubelles de l’Histoire - dans le bac non recyclable des dictateurs de tout poil où logent César, Gengis Khan, Vlad III l’Empaleur et Napoléon, on remettra tranquillement nos destins sur les rails de l’émancipation. Joli programme, non ?
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.
Tout cela se passe ici : ABONNEMENT et ici : PAGE HELLO ASSO.
Merci mille fois pour votre soutien !
Cet article a été publié dans
CQFD n°233 (septembre 2024)
Dans ce n° 233 de septembre 2024, on s’intéresse à l’Angleterre et aux émeutes fascistes qui l’ont secouée cet été. On fait aussi un tour au Bangladesh, on interroge les liens entre sport de haut niveau et contrôle du corps des femmes, on suit les luttes des Cordistes et celles des jeunes exilés de Marseille. Mais on se balade aussi à Lourdes avant de rêver d’une île merveilleuse ...
Trouver un point de venteJe veux m'abonner
Faire un don
Paru dans CQFD n°233 (septembre 2024)
Dans la rubrique Édito
Par
Mis en ligne le 06.09.2024
Dans CQFD n°233 (septembre 2024)
Derniers articles de L’équipe de CQFD