Une certaine Naïma Charaï, « présidente de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances », manifestement exaspérée par la décision de la Cour de cassation qui s’est prononcée contre le licenciement d’une salariée refusant de se départir de son hijab dans la crèche Baby Loup, déclare [1] : « Il faut étendre aux établissements remplissant des missions de service public les exigences de la laïcité, c’est-à-dire aussi celles de la neutralité religieuse, politique et philosophique de ses agents. »
Et de vrai : cette proposition est intéressante.
Non par elle-même, bien sûr – puisqu’elle a pour fonction première de nourrir le permanent débat-sur-l’islam où s’entretient la stigmatisation quotidienne des musulman(e)s –, mais parce qu’elle met les « socialistes » de gouvernement devant un choix qui les confronte assez directement aux limites de leur faux-dercherie.
Puisqu’en effet, si vraiment ces gens ont le souci de protéger ce qu’ils appellent « la laïcité » : ils peuvent très facilement fermer à double tour le robinet à subventions où se gavent, par exemple, les pieux bosses des innombrables établissements privés catholiques où l’État subventionne (avé les sous de nos impôts) des enseignements donnés sous protection d’un crucifix.
Ou alors : ils peuvent, beaucoup plus modestement, décider de limiter leur effort au renforcement de la loi islamophobe sur les signes religieux que réclament dans un émouvant chœur MM. Désir (Harlem) et Finkielkraut (Alain).
Dans le premier cas : ils iraient frontalement contre la droite de bénitier, discrètement séditieuse, qui depuis quelques semaines – et à grands coups de happenings crypto-ligueux où la Versaillerie en Loden s’accommode (semble-t-il) assez bien de laisser sa progéniture dans l’immédiate proximité de néo-nazis des rues – les bouscule quotidiennement, et les laisse tétanisés par une hideuse pétochardise.
Dans le second cas : ils alimenteraient plutôt, par une nouvelle contribution à la fustigation législative des mahométan(e)s où Libéral trouve depuis deux décennies ses boucs émissaires – proies faciles, vers qui détourner l’attention et les ressentiments de la plèbe qu’il sacrifie journalièrement sur l’autel de ses dividendes –, par des scintillances rhétoriques où M. Valls, par exemple, ministre für Staatssicherheit, ne brille (certes) pas moins que ses immédiats prédécesseurs.
Et maintenant que j’y réfléchis – du diable si je ne viens donc pas de te fourguer deux feuillets d’un questionnement dont nous savions la réponse : je crois que je devine précisément le choix que vont faire les « socialistes ».
Mais il est vrai aussi – il n’est que juste de le préciser – qu’ils auraient tort de se gêner, puisque ni toi ni moi, je sais pas si tu l’as noté, ne leur mettons au cul les généreux coups de pompes que mériteraient leurs laideries.