Édito du 104

Dans un courrier adressé à Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), finement intitulé « Il ne faut pas emmerder Charlie-Hebdo », Caroline Alamachère, collaboratrice du site islamophobe ripostelaïque.com, invite le dignitaire religieux et ses coreligionnaires « de France » (et non « français », la nuance vaut son pesant de jambon) « à s’interroger sur [leur] rôle dans notre société française, sur [leur] capacité à adhérer à nos valeurs laïques et démocratiques » : « Jouiriez-vous de la même liberté au Maroc ? J’en doute fort sinon comment expliquer la présence aussi énorme de Marocains abandonnant le Maroc pour la France ? C’est bien que l’air est plus doux et plus libre ici », assène-t-elle en dépositaire autoproclamée de l’esprit et du climat (tempéré) français. Prose xénophobe mais marginale ? Hélas non. Dans Le Figaro du 8 octobre, l’éditocrate Yves Thréard ne s’embarrasse pas non plus de nuances : « [...] la France doit être sans faiblesse contre le prosélytisme islamique. » Non pas islamiste ou djihadiste, mais carrément islamique ! On pourrait multiplier les exemples…

Nul besoin d’attendre les historiens de la fin du XXIe siècle pour diagnostiquer sans mal que ce pays vit un « moment islamophobe » qui transperce la société depuis les propos aigris éructés en fin de repas dominical chez tonton André jusqu’à la frilosité de la gôche étroitement laïcarde au moment de considérer les jeunes des quartiers comme des acteurs sociaux décisifs – alors même que les personnes issues de l’immigration de ces quarante dernières années constituent un tiers des classes populaires.

Limiter les pathétiques sorties d’un Jean-François Copé sur la brimade du pain au chocolat et le « racisme anti-blanc » à un simple calcul électoraliste, c’est ignorer la guerre de basse intensité et le paternalisme post-colonial dont la population dite immigrée, principalement de confession musulmane et d’origine nord-africaine (les Arabes, quoi ! bien que pour la plupart des Berbères) fait sans cesse les frais, continuellement tenue de répondre à l’injonction de s’intégrer et de manifester sa loyauté envers la déesse République-indivisible.

« Qu’ils mangent comme nous. Qu’ils parlent comme nous. Qu’ils s’habillent comme nous. Qu’ils ronchonnent comme nous. Qu’ils se fliquent les uns les autres comme nous. Sinon... ! » Si ce qui nous rend insupportable certaines formes d’islamisme radical, ce sont notamment les diktats sur les comportements et l’atteinte aux libertés, on peut se demander comment qualifier l’esprit policier qu’on insuffle insidieusement en chaque citoyen de ce beau pays… Douce France, vraiment !

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