Édito-sommaire

Au sommaire du n°160

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En une : "Même combat !" par Julien Loïs.
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Édito : Le paradis, c’est les autres

« Quand vous êtes salarié et que vous voyez certaines personnes qui partent en vacances aux Bahamas grâce à l’assurance chômage, il est légitime de se dire que ce système marche sur la tête ! »

(Damien Adam, député LREM, novembre 2017)

On a beau dire, ils sont quand même bien atteints, ces nouveaux députés En Marche. Tout lustrés, tout proprets, tout jeunes et cons. Ignobles, quoi. Oh, ils ne tranchent pas tant que ça avec leurs prédécesseurs. La came habituelle : mépris de classe et absolue méconnaissance de la réalité sociale. Certes, ils méritent le pal, mais ils font aussi de leur mieux, les mignons poussins technocrates. Pas leur faute – c’est juste qu’ils sortent tous de la même imprimante 3D.

Et donc quand Damien Adam, tout jeune député de la secte macroniste, s’emporte contre ces salauds de chômeurs qui se la coulent douce aux Bahamas (et encore, t’as pas vu nos jets privés, nos homards quotidiens et nos valises Vuitton, eh banane), on se contente de hausser les épaules. Parce que l’indécence , ils la pratiquent depuis si longtemps – les nouveaux comme les anciens – qu’on s’y est presque habitués. C’est le fumet désormais normal de ce monde. D’une élite tellement déconnectée qu’elle nous accusera bientôt en toute bonne foi de sniffer du caviar au petit-déj et de faire chabrot avec du Moët & Chandon.

Dans le même temps, t’as vu, les scandales de détournement fiscal en provenance de cette même élite pleuvent comme à Gravelotte – nous c’est les Bahamas, eux c’est le paradis panaméen. Et les inégalités sociales déjà abyssales se creusent jour après jour, à l’échelle de l’hexagone comme à celle du monde (les 1 % de personnes les plus riches détiennent désormais plus de 50 % des richesses mondiales, normal). Eux croient sans doute que cette fuite en avant peut durer, du neuneu député LREM à son Jupiter, du patron de multinationale à Trump-la-mort. Et nous ? Bah non. On n’y croit pas. Du tout. Le peuple d’en bas amasse (uh uh) sa colère, elle finira bien par exploser dans les grandes largeurs. Cette soirée-là approche, foi de Chien Rouge. « Tic-tac tic-tac » grince la Rolex chromée à son poignet...

Dossier : radios libres

Par Emilie Seto.

Les radios de la Méduse > 1981. Après des décennies de train-train, la radio changeait. La fin du monopole d’État et l’ouverture de la bande FM provoquaient un grand souffle d’air sur les ondes. L’occasion pour les radios libres, porteuses d’autres discours et pratiques, de s’installer durablement dans le paysage. Une trentaine d’années plus tard, elles sont toujours là. Encore vaillantes, mais en sursis.

Tutelle du CSA : Droit de vie et de mort sur les fréquences > Au milieu des années 2000, la création de radios numériques a permis une vraie bouffée d’air dans l’offre d’écoute. Mais il n’en va pas de même sur la bande FM, où les éventuels candidats à une fréquence butent sur le contrôle arbitraire et opaque du CSA, souvent exercé au profit des radios commerciales. Moustic, l’animateur du Groland, en sait quelque chose.

Rencontre avec l’équipe de « L’Actu des luttes » > C’est l’une des émissions phares de la radio libre parisienne FPP (qui fête ses 25 ans). « L’Actualité des luttes » est une quotidienne, réalisée par trois personnes non rétribuées. Depuis des années, elles tiennent bon la rampe, baladant leur micro au gré des luttes et des grèves. Un vrai tour de force. Mais dont l’existence est menacée par les sombres nuages pesant sur l’avenir de la radio. Nadia, Madeleine et Joël en parlent ici — morceaux choisis.

Parcours d’ondes, de Radio Popolare à Radio Bandita : Avanti, Popolare ! > Une véritable tranche d’histoire radiophonique italienne ! En 1998, Lorenzo Valera commence à présenter les infos sur Radio Popolare, à Milan, une antenne née dans les années 1970 dans le sillage de l’autonomie ouvrière. En 2001, il réalise un reportage remarqué sur les violences policières lors du contre-sommet du G8 à Gênes. Il connaît ensuite le succès avec son émission « Onda anomala », avant d’opter pour l’anonymat d’une webradio pirate. Rencontre.

Ondes, famille, patrie : Les zombies de Radio Courtoisie > Ça s’est passé comme ça… On causait du contenu du dossier « Radios libres » et j’ai lancé  : «  Ça pourrait être intéressant d’aller voir du côté des radios associatives de l’ennemi. Genre, se fader une journée de Radio Courtoisie ? » Personne ne me contredisant, j’ai foncé. Tu parles d’une idée à la con...

Actu de par ici

Aide aux exilés : Quand la solidarité passe au tribunal > Quatre retraités viennent d’être jugés pour avoir transporté des migrants dans la vallée de la Roya. Dans cette zone frontalière, l’État viole le droit d’asile au quotidien. Mais le plus souvent, ce sont les militants solidaires qui sont condamnés par la justice.

Longwy power ! : L’avocat des Black Panthers au pays du fer > 1978-1979, l’américain Steve Bingham filme Longwy en pleine effervescence : les mineurs et sidérurgistes luttent contre la suppression annoncée de leurs emplois. Une sacrée bataille, dont la caméra de Steve ne perd pas une miette. Jusqu’à donner un film, Longwy, jamais diffusé en France (l’ancien avocat était en cavale quand il l’a tourné, accusé d’avoir fourni une arme à l’un de ses clients incarcérés, le Black Panther George Jackson). Quarante ans plus tard, Steve remet pour la première fois les pieds sur place.

Actu de par ailleurs

Catalogne : au-delà de l’indépendance ? > Après le référendum sur l’indépendance du 1er octobre, la situation en Catalogne bouscule les habituelles grilles de lecture. En marge des manœuvres partisanes, des foules se rassemblent et s’organisent autour de quelques dénominateurs  : lutter face à la répression et imaginer un autre avenir.

La mauvaise conscience d’Israël : Dire non a Tsahal > À travers une quarantaine de portraits et témoignages1, le photographe Martin Barzilai nous emmène à la rencontre des refuzniks, objecteurs, insoumis, déserteurs, filles et garçons, qui préfèrent aller en taule plutôt que de servir dans l’armée israélienne.

Mexique. Certaines catastrophes sont naturelles, d’autres moins : et tout le tremblement… > Une première fois le 7 septembre, puis le 19 du même mois, deux séismes de grande ampleur (8,2 et 7,1 sur l’échelle de Richter) ont frappé le sud et la capitale du Mexique. On a parlé de centaines de morts et de dizaines de milliers de sans-abri. Mais en oubliant souvent d’évoquer une autre onde de choc : celle qui oppose des autorités corrompues et une population qui a appris à ne compter que sur elle-même.

Par Rémi.

Lectures et cultures de partout

Capitalisme et autophagie : Face à l’abîme > Théoricien du courant de la critique de la valeur (Wertkritik dans la langue de Karl), Anselm Jappe place son dernier essai, La Société autophage, sous-titré Capitalisme, démesure et autodestruction, sous l’inquiétant patronage d’Érysichton. Un roi qui, selon le mythe grec, aurait été châtié pour son hybris et condamné à une faim inextinguible. Jusqu’à se dévorer lui-même.

Le blues féministe de Ma Rainey et Bessie Smith : « Sweet mama », mon cul ! > En rééditant Blues et féminisme noir, ouvrage de la grande Angela Davis publié en 1998 aux États-Unis, les éditions Libertalia offrent une belle porte d’’entrée aux œuvres de deux grandes blueswomen, Bessie Smith et Gertrude « Ma » Rainey. Des battantes privilégiant les rasoirs aux pincettes.


1 Martin Barzilai, Refuzniks  : refuser l’armée en Israël, éditions Libertalia, 2017.

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Paru dans CQFD n°160 (décembre 2017)
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Par L’équipe de CQFD
Illustré par Rémi, Emilie Seto, Julien Loïs

Mis en ligne le 05.12.2017