Extrêmes droites
A lire : Quel antifascisme dans les années 1930 ?

S’il y eut incontestablement un « moment antifasciste » en réponse au 6 février 1934 et à l’agitation grandissante des ligues nationalistes, les réalités qu’il recouvre sont complexes. « L’antifascisme du 12 février 1934 est travaillé par une multitude de lignes de forces et/ou de fractures que l’on peut principalement donner par couples : Paris ou province, comités ou partis, réforme ou révolution, république et révolution », rappellent Thierry Hohl et Vincent Chambarlac dans leur ouvrage Un moment antifasciste. La riposte se fit d’abord dans le cadre de collectifs et de comités. Des défilés et meetings défensifs furent organisés dans 346 villes, le 12 février 1934. La CGT appela à la grève générale, mais les partis ne contractualisèrent leur union que de longs mois plus tard, ce qui ouvrit la voie au Front populaire. Au sein des rangs antifascistes, certains ne juraient que par les urnes quand d’autres croyaient qu’il fallait constituer des milices ouvrières, embryon d’une future armée populaire. Cette opposition diamétrale trouve son acmé au sein de la SFIO, alors partagée entre une aile droitière (Paul Faure) et une tendance minoritaire déterminée (la Gauche révolutionnaire) rassemblant luxemburgistes, trotskistes et jeunes énervés sous la houlette de Marceau Pivert.

Dans Tenir la rue, l’autodéfense socialiste (1929-1938), Matthias Bouchenot raconte l’histoire épique et méconnue des groupes d’action du parti socialiste (les « Toujours prêts pour servir »), qui choisirent de disputer l’espace public aux groupes d’extrême droite, quel qu’en soit le prix. Ils ne furent jamais aussi puissants que lorsqu’ils obtinrent l’aval de leur parti pour venger l’agression de Léon Blum par des militants de l’Action française, en février 1936. Ceci pose la question de la violence politique et de ses fins. La réponse proposée par Le Libertaire du 6 décembre 1935 (citée dans Un moment antifasciste) qui garde encore quelque pertinence : « Nous ne sommes pas adversaires de l’organisation de groupes d’autodéfense du prolétariat. Coup pour coup ! Œil pour œil ! Dent pour dent ! Tels doivent être les mots d’ordre de la lutte antifasciste. Mais est-il besoin pour cela d’organisations paramilitaires du prolétariat ? Nous ne le pensons pas […]. La masse ouvrière est capable de s’opposer victorieusement au fascisme. La grève générale reste entre ses mains sa suprême arme de bataille, beaucoup plus puissante que les quelques revolvers ou fusils de chasse dont pourront être armées les milices. »
Vincent Chambarlac et Thierry Hohl, 1934-1936. Un moment antifasciste, La Ville brûle, 140 pages.
Matthias Bouchenot, Tenir la rue, l’autodéfense socialiste, 1929-1938, Libertalia, 300 pages.
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Cet article a été publié dans
CQFD n°124 (juillet-aout-septembre 2014)
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Paru dans CQFD n°124 (juillet-aout-septembre 2014)
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Mis en ligne le 17.10.2014
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