Vox poetik # 11 - Raymond Asso & Damia

« Au fou, au fou ! »

Mortibus et inutile la poésie ? Que nenni. Cette chronique « Vox Poetik » reviendra régulièrement vous le seriner en vous proposant des extraits qui nous hérissent les chakras. Onzième salve, une chanson écrite en 1937 par Raymond Asso passée à la postérité sous la voix de Damia puis de Juliette Gréco, où les démons de la guerre sont regardés de haut par des piafs révulsés.

Parfois la poésie est une ritournelle chantée à la fin des années 1930,
Une histoire d’oiseaux qui crient « au fou, au fou » en zieutant les humains courant vers la guerre,
Chantée par une diva Damia, écrite par un certain Raymond Asso, reprise plus tard par la grande Juliette Gréco,
Elle s’entête et s’impose à nos nez collés sur les écrans,
Et on se surprend à la chanter face aux flashs d’info et aux villes en feu,
« Au fou, au fou ! »

« Tout fout le camp »

« Nous sommes maîtres de la terre
Nous nous croyons des presque dieux
Et pan, le nez dans la poussière
Qu’est-ce que nous sommes, des pouilleux

Et là-haut les oiseaux
Qui nous voient tout petits, si petits
Tournent, tournent sur nous
Et crient "au fou, au fou"

Nous nageons tous dans la bêtise
Et l’on invente des drapeaux
On met des couleurs aux chemises
Sous la chemise, y a la peau

Et là-haut les oiseaux
Qui nous voient tout petits, si petits
Tournent, tournent sur nous
Et crient "au fou, au fou"

Écoutez le monde en folie
"Vive la mort, vive la fin"
Pas un ne crie "vive la vie"
Nous sommes tous des assassins

Et là-haut les oiseaux
Qui nous voient tout petits, si petits
Tournent, tournent sur nous
Et crient "au fou, au fou"

C’est toute la terre qui gronde
Bonne saison pour les volcans
On va faire sauter le monde
Cramponnez-vous, tout fout l’camp

Et là-haut les corbeaux
Qui nous voient tout petits, si petits
Tournent comme des fous
Et crient "à nous, à nous"

La vie pourrait être si belle
Si l’on voulait vivre d’abord
Pourquoi se creuser la cervelle
Quand y a du bon soleil dehors. »

Précédents épisodes Vox Poetik :
#1 : « Je crache sur votre argent en chien de fusil » (Gaston Miron)
#2 : Le toast de l’ami italien (Erri de Luca)
#3 : « Aux personnes qui me merveillent » (Valérie Rouzeau)
#4 : « Des têtes de fromages de tête » (Jacques Prévert)
#5 : « Paix sur la terre aux pommes de terre » (Brigitte Fontaine)
#6 : « Les dieux sont au PMU » (Kae Tempest)
#7 : « Un endroit où Billy The Kid peut se cacher quand il tire sur les gens » (Jack Spicer)
#8 : « Non, non, pas acquérir » (Henri Michaux)
#9 : « Des bêtes vivent sur nos visages » (Laura Vazquez)
#10 : « Des larmes de honte et de boue » (Boris Vian)

Fernand Léger, « La Partie de cartes », 1917
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