Lille flique les lillois

Vertement pucés

Selon le vœu de l’élu vert aux transports Éric Quiquet, Lille Métropole devrait doubler le nombre de voyageurs dans ses transports en commun d’ici 2015. Pour en faciliter l’accès, la communauté urbaine vient donc de voter la mise sous puce des usagers du métro1. L’enjeu ? En bipant à chaque trajet, tous les déplacements seront tracés et enregistrés. Transpole, l’exploitant du métro, connaîtra précisément les flux de voyageurs, rationalisera l’offre de transport, et sauvera les ours polaires ! Il y a un an, Éric Quiquet et Alex Türk, le président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), promettaient la plus grande vigilance en matière de respect des libertés individuelles. C’est raté.

Intégrée à une carte ou à un téléphone portable, la RFID2 sera obligatoire, remplaçant le système magnétique actuel. Il y aura des cartes personnalisées, gratuites, et des cartes anonymes, payantes. Mais Lille Métropole laisse la possibilité à Transpole de ne plus proposer ces dernières. De même, la CNIL permet à l’entreprise de ne plus crypter ses données en cas de « fraude massive avérée » ou « d’évolution majeure du système ».

En ligne de mire de ce futur dispositif : les fraudeurs. Les contrôleurs armés de leur « compteur de courtoisie » (sic !) pourront vérifier les identités et tarifer les amendes selon le nombre de fraudes enregistrées. La « liste noire » des contrevenants ainsi élaborée sera croisée avec celle de la SNCF et des transports en commun de toute la région Nord-Pas-de-Calais. Par contre, pour les bons « clients », le fichage permettra des actions de « marketing ciblé »

Et ce n’est qu’un début ! D’ici 2012, une « carte de vie quotidienne » équipée de RFID sera lisible par les services municipaux. Les enfants pucés biperont à l’entrée des cantines scolaires ou des écoles ; les habitués des bibliothèques municipales seront détectés à chaque emprunt ; les salariés d’administration l’utiliseront pour entrer sur leur lieu de travail… Ce sera alors une première en France : un suivi à la trace de tous les habitants et ce, fomenté par la gôche et les technoécolos sous couvert de défense de l’environnement. De quoi mettre la puce à l’oreille…


1 L’ensemble du projet est décrypté sur http://hors-sol.herbesfolles.org.

2 Pour Radio frequency identification. Permet de mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des puces électroniques.

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