Un petit Fukushima-sur-Manche ?
Le 6 avril 2012, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié un communiqué de presse tout à fait rassurant à propos de la situation concernant la centrale nucléaire de Penly, en Seine-Maritime. « [Ce matin] vers 7 heures, l’ASN a eu confirmation par EDF qu’il n’y avait plus de fuite dans la pompe primaire numéro un du réacteur numéro deux. Cet incident survenu sur la pompe n’a pas eu de conséquence sur l’environnement. L’ASN a provisoirement classé cet événement au niveau un sur l’échelle INES. » La haute exigence d’intégrité et de transparence de l’ASN aura, vu l’urgence d’informer les populations, repoussé de quelques jours l’exposé détaillé de cet incident classé un et des interrogations qu’il soulève. Les experts appointés préciseront alors que l’huile enflammée venait de la pompe du circuit primaire qui sert à refroidir le cœur du réacteur. Ils n’omettront pas de décrire la durée de la fuite et la quantité d’eau radioactive écoulée, à raison de plus de deux mètres cubes par heure, jusqu’à ce que l’incident ait été maîtrisé. Ils rappelleront que cette eau radioactive, récupérée dans des bacs prévus à cet effet, sera rejetée en mer après avoir subi un retraitement. Ils indiqueront que cette opération de filtrage ne piège pas le tritium, isotope hautement radioactif, inévitablement présent, avec d’autres gaz rares. Ils insisteront évidemment sur les conséquences potentielles d’un tel évènement dans une telle centrale, où cinquante-sept millions d’euros avaient pourtant été dépensés en 2010 pour améliorer la sûreté de ces installations nucléaires qui produisent l’énergie la moins chère et la plus sûre. Ils, ils… « Quand toutes les précautions auront été prises, l’installation redémarrera en toute sûreté », a déclaré solennellement dans l’après-midi de ce même 6 avril, Laurent Lacroix, directeur délégué du site EDF de Penly. Manière de confirmer le récent rapport d’inspection de l’ASN qui déclarait que « l’organisation pour la conduite normale des réacteurs du Centre nucléaire de production électrique de Penly est globalement satisfaisante », tout en laissant échapper une furtive remarque « sur l’inétanchéité du clapet 2RCV265VP du circuit RCV6 du réacteur numéro deux »… Date du passage des inspecteurs ? Il n’y a pas même deux mois : c’était le 15 février 2012.
Cet article a été publié dans
CQFD n°99 (avril 2012)
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Paru dans CQFD n°99 (avril 2012)
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Mis en ligne le 20.04.2012
Dans CQFD n°99 (avril 2012)
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