L’édito du n°226

Tremplin pour les fachos

Dessin de Colloghan

Toujours plus loin dans la bassesse. Avec le passage au parlement de la loi Darmanin, le macronisme n’en finit plus de creuser dans le marigot d’extrême droite et ne s’en cache même plus. Bienvenue dans la transition accélérée vers un lepénisme relifté sauce Renaissance. Celles et ceux qui en payeront le prix étant déjà traqués et mis au ban, la chasse à l’homme va simplement s’amplifier. À ceux et celles qui se réveillent et parlent de « basculement », on aimerait répondre que cette désignation des personnes exilées comme boucs émissaires d’une démocratie qui se délite n’est pas nouvelle en nos douces contrées. Et que les concessions à l’extrême droite se multiplient depuis de longues années, sous Sarkozy, sous Hollande, sous Macron, politicards qui ont tant instrumentalisé le pipeau xénophobe dans le vent mauvais. Il n’empêche : un palier a été franchi, un grand gouffre brun, que symbolisaient bien au soir du vote de la loi à l’Assemblée nationale les sourires des hyènes du RN.

Alors qu’on écrit ces lignes, des lycées bloquent, des manifs sont en cours dans plusieurs villes de France, la CGT appelle à « la multiplication d’actions de résistance » et les 32 départements de gauche ont annoncé qu’ils n’appliqueraient pas les mesures de durcissements de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Il va falloir s’allier, agir, rugir, et fissa. Mais il est à craindre que cela ne suffise pas. Car les souffleurs de haine l’ont bien compris : la bataille est idéologique, culturelle, médiatique, globale. Et tant pis si chez eux tout est fake news, à commencer par le fantasme de submersion migratoire1. Précariser encore plus les exilé·es ne saurait produire autre chose que des souffrances en rab’ pour les concerné·es ? Ils s’en tapent.

En cette période turbo-facho, il est vital que toute la proclamée gauche comprenne que défendre la cause des exilé·es ne signifie pas forcément se mettre l’opinion à dos, mais bien retrouver une colonne vertébrale, une identité, des fucking valeurs, le refus du pitoyable « oui mais » qui creuse son linceul. Ce n’est pas le soir du vote qu’il fallait pleurnicher, mais depuis des années batailler, retrouver la solidarité avec les sans-papiers et les indignations face aux charters, dénoncer la débâcle de l’Europe forteresse… Si CNews donne le ton, si chaque fait divers glauque est instrumentalisé, c’est bien parce que face aux barbelés qui se dressent, de papier, d’encre ou bien réels, la classe politique et médiatique s’est couchée, fortifiant l’ennemi. Réveillez-vous bande de larves. Et dormez mal, hein, c’est tout ce qu’on vous souhaite.

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CQFD n°226 (janvier 2024)

Dans ce numéro de janvier, on essaie de ne pas se laisser asphyxier par l’info. Au programme, on décortique l’antisémitisme à gauche et on tend l’oreille vers la réception de la guerre en Palestine aux Etats-Unis. On fait le point sur le mal-logement qui grimpe, mais on parle aussi des luttes locales pour reconquérir l’urbanisme et nos villes et on se balade au Salon des minéraux, un exemplaire de Barge dans la poche.

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Paru dans CQFD n°226 (janvier 2024)
Dans la rubrique Édito

Par L’équipe de CQFD
Mis en ligne le 05.01.2024