« Il y fait bon vivre », est-il convenu de dire de Nantes, cette « ville de culture et de fêtes », dernière commune française détentrice de l’émouvant triple A. Son maire, Jean-Marc Ayrault, aurait donc créé une espèce d’éden auquel ne manque qu’un pharaonique aéroport international pour la faire entrer triomphalement dans la globale modernité. Problème : face aux millions d’euros investis dans ce « projet d’avenir » – et nécessitant d’importants contingents de police pour être menée à bien –, des centaines de riverains de Notre-Dame-des-Landes, petite ville périphérique censée accueillir le futur aéroport, font figure d’erreur dans le paysage. La loi ne devrait pas tarder à les rappeler à la raison économique en les expulsant.
Mais l’avancée du projet pousse les habitants et les opposants à sortir de leurs gongs. Après moult débats et rencontres, il a été convenu que le 24 mars soit une journée consacrée à inverser le rapport de forces entre la préfecture et sa périphérie : ce jour-là, Notre-Dame-des-Landes devrait s’emparer de Nantes [1]. Trois cortèges, à pied, en vélo et en tracteur encercleront la métropole, se rejoindront pour en occuper le cœur afin d’y faire la fête jusqu’à tard dans la nuit et mener ensemble des actions contre le projet d’aéroport. Le bruit court même que se joindraient aux cortèges ceux du Finistère en lutte contre une centrale à gaz, auxquels s’allieraient les opposants au nucléaire venus du Cotentin, avec lesquels fusionneraient les résistants du Val de Suze, en Italie, qui se battent contre le projet de ligne à grande vitesse. À quelques jours de l’équinoxe, on tentera de confirmer les mots du poète chilien Neruda : « Le printemps est inexorable »…