L’Aquila : une « victime » sous contrat
Le 6 avril 2009, la terre tremble à L’Aquila, dans les Abruzzes, à l’est de Rome. Deux cent vingt personnes sont tuées. Dans la ville et ses alentours, des centaines de maisons et immeubles s’écroulent ou deviennent inhabitables. Pour être relogés dans les habitats construits depuis le séisme, les rescapés doivent passer sous les fourches caudines d’une administration capricieuse. Rares sont les chantiers de reconstruction, et ville et villages restent des déserts immobiles, surveillés par l’armée et observés par les touristes.
Régulièrement, des protestations contre l’impéritie du gouvernement s’élèvent dans la région. « Faux ! », affirme une femme le 25 mars dernier sur Canal 5, une des chaînes de Silvio Berlusconi. Elle témoigne : « Je suis commerçante à L’Aquila. Je vends des robes de mariées. […] La nuit [du séisme] a été incroyable. On aurait dit la fin du monde ! […] Les secours sont arrivés tout de suite. […] Je remercie le gouvernement car il ne nous a fait manquer de rien. […] Tout le monde, à L’Aquila, a aujourd’hui une maison avec jardin et garage. Les jeunes sont revenus, l’activité est relancée.[…] Les trois à quatre cents personnes qui sont encore dans les hôtels restent là parce qu’ils mangent et boivent sans devoir rien payer… » Applaudissements émus du public devant… l’actrice, qui a été payée trois cents euros pour sa prestation. Un investissement bien inférieur aux 815 millions d’euros que le gouvernement a dépensés pour les habitants de L’Aquila, tout en affirmant qu’il ne pouvait pas faire plus. Apparemment, il restait au moins trois cents euros dans ses coffres…
Cet article a été publié dans
CQFD n°89 (mai 2011)
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Paru dans CQFD n°89 (mai 2011)
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Mis en ligne le 17.06.2011
Dans CQFD n°89 (mai 2011)
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