Bye-bye turbin

Fais-moi mal, boss !

Quand on a reçu le visuel de l’affiche « J’aime ma boîte et j’assume ! » à l’adresse mail de la rédaction, on a d’abord cru à un fake de nos amis de Cynicom (voir le supplément été du CQFD n° 124). Puis réflexion faite, on s’est dit que la qualité du travail de parodie et de détournement de Cynicom n’avait rien à voir avec la mocheté de cette image (voir ci-dessous).

Cela ne pouvait donc être que l’œuvre de communicants professionnels ! Bien inspirés d’ailleurs. En effet, Valls n’avait pas encore prononcé sa déclaration d’amour à l’université du Medef, sûrement appréciée par des millions de salariés au bout du rouleau, qu’un mouvement patronal avait déjà décidé de célébrer cet amour déviant avec cette affiche SM, qui représente une femme sans tête en combinaison de latex rouge, une cravache à la main et un attaché-case en cuir très chic à ses pieds.

Cette agence, Ethic, dirigée par la rombière Sophie de Menthon – connue pour ses sorties verbales très 16e arrondissement au micro des Grandes Gueules sur RMC – , entend valoriser l’image de l’entreprise. A travers l’opération « J’aime ma boîte », il s’agit pour le patron d’évaluer la capacité de « convivialité » de ses employés au cours d’une fête artificielle et d’évaluer le degré de sacrifice de ces derniers à travers des quizz ludiques du type : « Si demain vous devez sauver votre boîte, que seriez-vous prêt à faire ? »

Avec l’envoi du prototype de l’affiche, on était gratifié d’un petit argumentaire pseudo-féministe à se pincer les tétons : «  Nous avons choisi une femme  : libre, pleine d’humour, qui s’assume et qui va prendre le contre-pied. Une femme dominante… et non pas dominée au sein de son entreprise. Le message est multiple : une femme libérée, une femme qui a le pouvoir, une femme qui “assume”, une femme qui relaie le message de lien social que véhicule J’aime ma boîte. » Dominante, dominée, la vie de l’entreprise est donc bien une histoire de domination. Merci pour l’aveu  !

Le 20 septembre, Le Figaro informait que certains sponsors, dont BNP Paribas, choqués par le mauvais goût de l’image, avaient décidé de se retirer de l’opération. Sous la pression, l’affiche trash est donc remplacée par un visuel plus banal. « C’est la preuve que l’on ne peut plus rien dire ! », déplorait à son tour Sophie de Menthon. Ni rien faire non plus  ! Rendez-vous compte, on ne peut même plus fouetter sa main-d’œuvre, même pour rigoler !

La suite du dossier Bye-bye turbin :

Introduction

Le travail en miettes

Au turbin, camarade !

La dame-pipi est l’avenir du chômeur

Le sale boulot des « socialos »

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3 commentaires
  • 30 novembre 2014, 13:02, par Mon pseudo

    Déjà, les multiples occurences du mot "assume(r)" met la puce à l’oreille…

    "Je suis un gros con et j’assume".

  • 1er décembre 2014, 14:56, par yaz

    c’est a la mode j assume je fais une saloperie mais du moment que j assume...

  • 4 décembre 2014, 13:02, par Calagan

    Ce qui me choque le plus, c’est que c’est très amateur : laid, mal fait, vite fait, pas pensé. J’aurais aimé une campagne réactionnaire avec un peu plus de classe... Mais aujourd’hui tout fout le camp... Il n’y a même plus de place pour la parodie et le détournement, vu que l’original est déjà une parodie de lui-même...

Paru dans CQFD n°125 (octobre 2014)
Dans la rubrique Le dossier

Par Mathieu Léonard
Mis en ligne le 30.11.2014