Édito du n°100

Né en 2003, CQFD – canard à crocs et à cran qui mord et tient depuis 100 numéros maintenant – a toujours connu la droite au pouvoir, comme tous les moins de vingt ans. Alors, bien sûr, le 6 mai au soir, nous avons sablé une roteuse quand Nicolas Sarkozy a fini au tapis en avouant : « Jamais, mes chers compatriotes, je ne pourrai vous rendre tout ce que vous m’avez donné. » Tu m’étonnes ! Qu’il rembourse en intégralité son pitoyable one-man-show, et qu’il dégage, lui et son gang de décomplexés de l’extrême.

Terminé, le Président bling-bling qui ricanait que « lorsqu’il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ». Finis, le sinistre Claude Guéant qui bavassait que « toutes les civilisations ne se valent pas », et le colon Henri Guaino écrivant que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Raus, l’affreux Brice Hortefeux soutenant que « quand y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup que ça pose problème », et l’inénarrable Jean-François Copé affirmant que « le coût social de l’immigration est tellement élevé pour le contribuable qu’il y aura un moment où on ne tiendra plus le coup financièrement ». Ah, ne plus entendre un ministre de la Défense UMP lâcher ce malodorant lapsus : « Nous, au Front national… »

Mais.

Mais qu’allons-nous subir, maintenant que nous héritons d’« une couille pour la France », comme dit l’ami Lindingre ?

Hé bien, un François Hollande qui a minaudé à la City qu’il n’y a « rien à craindre » puisque « la gauche a […] libéralisé l’économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations » lorsqu’elle était au gouvernement. Un Jean-Christophe Cambadélis qui, dans les années 1990, a touché 440 000 francs de la part d’un ami, Yves Laisné, gestionnaire de foyers d’immigrés et ancien cadre du Front national. Un Manuel Valls qui aimerait voir « quelques blancs, quelques white, quelques blancos » supplémentaires sur les marchés d’Évry (Essonne). Une Ségolène Royal qui prône « l’encadrement militaire des jeunes délinquants ». Un François Rebsamen qui estime que l’on peut « éventuellement » envoyer l’armée dans les quartiers puisque « les gendarmes savent très bien mener ces opérations de “pacification”, ils l’ont plusieurs fois démontré à l’étranger ». Un Malek Boutih, candidat aux législatives dans l’Essonne, qui soutient que « les barbares des cités, il n’y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés. Et vite ! » Un Olivier Faure, conseiller de Hollande, jugeant qu’il va falloir « dire des choses claires, appeler un chat un chat sur la sécurité, l’immigration, l’islam ». Ah, le retour des vieux éléphants du PS – Laurent Fabius, Martine Aubry, Jack Lang… – qui ont expulsé, privatisé, fliqué, guerroyé, libéralisé la finance, applaudi la Constitution européenne…

On a viré Sarko, bravo !

Mais, pour le changement, faudra sûrement s’impatienter encore un peu.

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1 commentaire
  • 14 mai 2012, 12:22, par Marie

    Et oui, le changement... dans la continuité !

    Ne pas oublier non plus, que c’est sous un gouverment de gauche, qu’ont été créés les centres de rétention administrative.

    A nous de rester vigilant-e-s, rester prêt-e-s à résister contre l’ordre établi de quelque bord il puisse être !

    • 23 mai 2012, 17:29, par Phil

      Et les privatisations, les discours sur l’"assistanat", la LSQ, les radiations administratives de l’ANPE ........... ; ; etc