Brèves du 81

Conte tzigane > Dans ce contexte sordide de chasse aux Roms, voici une jolie histoire vraie : Florin, musicien roumain, avec sa femme et ses six enfants, partis en Roumanie quand la traque a été sonnée, rentrent en France début septembre. Un chauffeur de minibus les dépose à Nancy où ils montent sans billet dans le TGV. À Lyon, le contrôleur est intraitable : « J’appelle la police, descendez, m’en fous de vos enfants, police, que vous ayez pas d’argent, police »… Et là, miracle dans le wagon, les passagers se mobilisent. 278 euros sont collectés pour payer les billets. Le contrôleur la met alors en sourdine et, de Lyon à Arles, Florin et son accordéon régalent les voyageurs, qui se mettent à danser ! Un peu de joie et de poésie, ça se fait rare pour les bouches aux dents d’or.

Crise du logement > Hortefeuer Brice se les tâte, mais ça le démange. Maire ou pas maire de Vichy ? Ça serait la classe, non ? Problème : où loger le QG pour la campagne électorale ? L’hôtel du Parc, là où sévissaient les historiques méchants du temps de l’Occupation – vous savez, ceusses qui rédigeaient moult décrets expéditifs (et expéditeurs) à propos des étrangers –, n’existe plus. Et pas un bail de cet édifice, devenu anonyme résidence de luxe, ne devrait arriver à échéance dans les mois à venir. Ach Fichtre !

Rosbifs 1 - Froggies 0 > « Nous ne pensons pas qu’un tel système rassemblant les données personnelles des 11 millions d’enfants du pays, dont plus de 90 % n’auront jamais l’occasion de rencontrer les services de l’enfance, soit la meilleure façon de les protéger. ». Tim Loughton, ministre de l’Éducation britannique, a ainsi annoncé cet été la destruction de ContactPoint, l’équivalent de notre Base Elèves : ce serait inefficace, trop coûteux, démesuré, non confidentiel et inégalitaire, rien que ça… Pendant ce temps, l’exécutif franchouillard sort sa Loppsi 2, brandit son Hadopi et commet maints roulements de biscoteaux. Mais ici, bien sûr, c’est au nom de l’efficacité, des économies, de la justice, du respect de la vie privée et de l’égalité. Faut pas confondre.

T’es où ? > Les ultra fins limiers de la Direction nationale de l’anti-terrorisme ont mis six mois pour fignoler leur rapport désignant Andreas Coupat et Gudrun Lévy comme responsables des terrifiants sabotages sur une ligne TGV en novembre 2008. Preuve irréfutable que les deux présumés terroristes étaient « opérationnels » ce soir-là : les antennes locales attestent d’un intense trafic téléphonique entre les hommes (et femmes) des services de police. C’est dire. Avec les 250 000 hommes (et femmes) que comptent les forces de l’ordre en France et qui se causent forcément au téléphone, ça fait un sacré stock d’éléments à charge contre les quidams.

Poulets en liberté > Récapitulons. Zyed et Bouna, morts électrocutés par crainte de la police, en 2005 à Clichy-sous-Bois : non-lieu requis pour les deux flics. Ali Ziri, mort lors d’un contrôle d’identité en 2009 à Argenteuil : pas l’ombre d’une instruction visant les condés mais, en revanche, Arezki Kerfali, qui accompagnait Ziri ce soir-là, attend son procès pour outrage. Hakim Ajimi, mort d’une clé d’étranglement lors de son arrestation en 2008 à Grasse : simple statut de témoins assistés pour les héros de la BAC, puis non- lieu ; et depuis l’appel, un maigre espoir de mise en examen des baqueux. Luigi Duquenet, mort par balles lors d’une course- poursuite en 2010 : vers une mise en examen du gendarme. Encore un effort, mesdames et messieurs les magistrats…

À la Préf ! > Les préfets chasseurs de primes d’efficacité auront de riantes perspectives pour arrondir leurs fins de mois difficiles : en plus de bouter les sans-papiers et les Roms hors de nos frontières, ils pourraient désormais, grâce au projet de loi Loppsi 2, faire évacuer en 48 heures toute occupation « illicite » et « en réunion » d’un terrain, sur simple mise en demeure, sans jugement et sans relogement. Allez, caravaniers, habitants de bidonvilles, amoureux des yourtes et autres espaces collectifs, zou ! Hiver ou pas, droit au logement opposable ou non, tous dehors ! En même temps, une fois qu’on sera tous à la rue, on n’aura plus qu’à prendre d’assaut les préfectures. En réunion et de façon illicite, naturellement.

Bilan carbonisé > On allait voir ce qu’on allait voir. En septembre 2007, la France se portait, avec fanfares et trompettes, à l’avant-garde d’une révolution écologique et lançait son Grenelle de l’environnement. Trois ans plus tard, rapporte l’association Agir pour l’environnement, les projets de taxes sur les poids-lourds et autres relances du fret non-routier ont été abandonnées. En revanche, près de 880 kilomètres de nouvelles routes et autoroutes sont prévus, et 290 autres déclarés « d’utilité publique ». Ce ne sont pas les sociétés d’autoroutes, dont les bénéfices ne se sont jamais aussi bien portés, qui vont contester cette « utilité publique ».

Compte là-dessus > Mardi 7 septembre. Deux fois plus que la dernière ! Non, moinsse. Mais 200 000, quand même. N’importe quoi, 37 000. Alors 2 millions, c’est sûr ! Bon, allez, je te le fais à 800 000, mais c’est mon dernier mot. Et puis basta ! L’important, c’est de se faire compter. Et d’en causer après. En 1995, Juppé, le Premier ministre de l’époque, avait déclaré, face aux grèves contre la réforme de la Sécu et de la retraite des fonctionnaires : « Si deux millions de personnes descendent dans la rue, mon gouvernement n’y résisterait pas. » Depuis, ce Juppéthon a fait florès. « Marche, petit peuple, marche ! Un, deux, trois, en rangs par dix, comme des moutons… » Une technique d’endormissement dont l’efficacité a fait jusqu’à présent ses preuves.

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