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En Une : "Arab horses in black and white" d’Omar Ibrahim, Beyrouth, 2015.
Supplément 12 pages : Syrie, révolution volée & exil
A l’heure où Bachar al-Assad, le principal responsable de la tragédie syrienne, est remis en selle par l’ensemble de la communauté internationale sur fond de réal-politique, CQFD a souhaité donner la parole aux révolutionnaires civils syriens, qui ont vu leurs espoirs de changement balayés par des jeux géostratégiques et la militarisation du conflit. Ils nous rappellent que leur lutte continue à travers l’auto-organisation des zones rebelles et le soutien aux populations civiles qui subissent toujours les attaques de l’armée – comme le 16 août, à Douma, où 96 personnes ont trouvé la mort suite au bombardement d’un marché populaire.
Nous sommes également partis à Istanbul à la rencontre d’une diaspora syrienne hétérogène, entre exploitation économique et reconstruction culturelle. Au moment où nous mettons sous presse, l’Union européenne annonçait débloquer plus d’un milliard d’euros pour « fixer » les réfugiés en Turquie, en Jordanie ou au Liban et ainsi endiguer l’afflux vers la forteresse Europe…
« Nous voulons un pays en couleurs ! » > En 2011, après 40 ans de silence, de peur et de résignation face à la dictature, les Syrien-ne-s ont libéré leurs voix, leurs corps, leurs esprits. Spontanément, un foisonnement de créations et d’expressions s’est emparé des murs, des banderoles, des rues, des réseaux sociaux. Aujourd’hui encore, ces traces portent la mémoire du soulèvement populaire.
« De cette expérience de souffrance, nous pouvons extraire un sens d’émancipation » > Yassin al-Haj Saleh est un écrivain syrien, connu pour être un des théoriciens de la révolution syrienne. En 1980, à l’âge de 19 ans, il est emprisonné pour seize années par le régime d’Assad en tant que militant communiste. De cette expérience, il en ressortira un livre, Récits d’une Syrie oubliée – Sortir la mémoire des prisons, édité par Les Prairies ordinaires en avril dernier. Aujourd’hui réfugié à Istanbul, Yassin al-Haj Saleh revient pour CQFD sur son expérience de la prison et celles de la révolution et de l’exil, mais aussi sur l’importance de la question culturelle syrienne pour lutter contre l’oubli.
La Révolution confisquée ? > Nous avons rencontré Salma, Hani, Majd, Oussama, Abou Selma, activistes civils imprégnés des valeurs d’anti-autoritarisme et de démocratie directe. Originaires de Damas et de sa région, notamment de la ville tristement célèbre de Douma et du camp de Yarmouk, ils vivent à présent à Toulouse, Paris ou Beyrouth, où ils ont pu venir « souffler un peu » pour se préparer à la suite de leur combat. Pour eux, l’issue du conflit ne se résume pas à « Bachar ou la Charia », repris en chœur de l’extrême gauche à l’extrême droite. Ils ressentent la réhabilitation actuelle du despote comme un coup de poignard dans le dos, jetant par là même les opposants syriens dans le sac de l’obscurantisme salafiste. Écrasés, ils ne capitulent pas. Ce serait se trahir soi-même. À travers ces témoignages, CQFD souhaite contribuer à redonner la parole à ces invisibles.
Istanbul : l’exil syrien > La mégalopole d’Istanbul est devenue une destination majeure pour les plus de deux millions de Syriens réfugiés en Turquie. 300 à 500 000 Syriens vivent désormais dans cette mégapole aux portes de l’Europe, et tentent depuis peu de reconstruire une communauté à part entière, malgré les affres de la guerre civile. Reportage au fil des différents quartiers stambouliotes à la rencontre de la diaspora syrienne, entre attente, survie et aspirations culturelles.
« Les réfugiées syriennes sont juridiquement captives du gouvernement turc » > Enseignante en droit international et droit de l’homme à l’Université d’Istanbul, Zeynep Kivilcim est également activiste féministe. Elle revient pour CQFD sur son travail de recherches autour de la condition des réfugiées syriennes.
Enquêtes et reportages
Manchester : Les dépossédés du ballon > Les deux grands clubs de football de Manchester n’ont pas résisté aux sirènes de l’argent roi. Dépossédés, mais pas tous résignés, les supporters de Manchester United se sont lancés dans d’ambitieuses luttes de réappropriation.
Industrie de la police : Pont-de-Buis, la poudrière policière > Un an après le meurtre du militant écologiste Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens, l’envie reste de dépasser la peur et de maintenir le droit à manifester, en déplaçant les conflits là où se fabriquent les armes de la répression. Le maintien de l’ordre a ses fournisseurs, un business opaque, avec ses profits, ses dividendes aux actionnaires. Reportage près d’une usine d’armement de police, dans le Finistère.
Occupy une île : Voyage en Crète occupée > Parti en Crète au moment du référendum début juillet, le reporter de CQFD est allé à la rencontre des squats de cette île, la plus grande et la plus prospère de Grèce. L’esprit de résistance qu’il y a trouvé ne devrait pas se démentir avec le retour au pouvoir de Tsipras.
Marseille Provence 2013 : Quand c’est fini (ni-ni, ni-ni…) > On était prévenu : la Capitale européenne de la culture Marseille-Provence 2013 allait accélérer la ripolinisation de la ville. Dernières victimes en date de la grande lessive : les associations qui se démènent à organiser des fêtes de quartier avec et pour les habitants.
Lectures et cultures
Chronique du monde-laboratoire : On achève bien les prolos > Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé, avait (un peu) fait parler d’elle au coeur de l’été 2012, en refusant avec fermeté la Légion d’honneur dont voulait la décorer la ministre Verte Cécile Duflot. Elle avait fait savoir que la seule récompense souhaitable pour ses travaux serait un changement complet d’orientation des politiques publiques, dans le sens de la prévention du cancer. Bien sûr, la presse ne s’était pas appesantie sur ce geste rare. Le dernier livre de Thébaud-Mony, La Science asservie, est, lui, carrément passé inaperçu, bien que son propos soit fracassant.
Dessins fidèles : Karaoké pour un dissident > Kaléidoscope absurde et jubilatoire, l’album Zaï zaï zaï zaï a été mis en boîte par le dessinateur Fabcaro. À chaque page tournée, l’impression d’avoir collé une baffe à la réalité, de lui faire cracher son venin anxiogène et abrutissant...
Page graphique : Rémi > Carnaval, L’Impubliable, en coédition avec le Dernier Cri.
Ciné exhumé : Les mystères de l’Oaïst > Depuis la découverte dans les archives Gaumont d’une poignée de bobines oubliées, d’épiques chevauchées du cinématographe perdu ont fait irruption sous forme de ciné-concert…
Médias libres : Le journal casse-pierres > Nous avons eu vent d’une naissance dans le Tarn : un irrégulomadaire (à épaisseur variable) répondant au nom de Saxifrage.
Cet article a été publié dans
CQFD n°136 (octobre 2015)
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Paru dans CQFD n°136 (octobre 2015)
Dans la rubrique Sommaire
Par
Illustré par Guillaume Cortade, Omar Ibrahim
Mis en ligne le 01.10.2015
Dans CQFD n°136 (octobre 2015)
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