Le capitalisme ou la vie !

Quelques-uns des meilleurs ouvrages récents de critique acérée des saloperies trônantes prennent à cœur de ne pas glandouiller, de décocher déjà l’essentiel de leurs propos offensifs dans leur 4e de couv’ ou dans leur préface. C’est le cas du très réussi Adieux au capitalisme de Jérôme Baschet (La Découverte) qui atteint d’entrée de jeu sa vitesse de sustentation séditieuse (comme on aurait dit d’un hélicoptère flibustier) : « Affirmer la critique de l’existant et donner consistance à des univers alternatifs sont des moyens complémentaires de faire vaciller et d’affaiblir le mode de production dominant de la réalité. » Estimant qu’on peut pratiquer tout de suite « une démocratie radicale d’autogouvernement et concevoir un mode de construction du commun libéré de la forme État et appelant à l’épanouissement des subjectivités  », Baschet, dont les axes de référence réjouissent (Marcos, David Graeber, Holloway, Jappe, Klein, Sahlins, Pannekoek, Riesel, Semprun), présente les territoires zapatistes du Chiapas comme « l’une des plus remarquables “utopies réelles” mises en œuvre actuellement à travers le monde ». Baschet nous régale encore : « Le fonctionnement rotatif des Conseils de bon gouvernement permet d’amorcer une forme de “gouvernement collectif” (“tous, nous avons été gouvernement”, ont dit certains de leurs membres) afin de mettre en pratique le principe zapatiste du “mandar obedeciendo” (“diriger en obéissant”). Même s’il convient de se garder de toute idéalisation, il s’agit bel et bien d’une “école de gouvernement” par laquelle les communautés rebelles construisent leur autogouvernement et, indissociablement, une réalité sociale neuve ». Et l’on voit bien que le précepte conseilliste même de la délégation de pouvoir est malicieusement ajustée : consultation fréquente des assemblées de zones et de communautés, contrôle populaire constant des décisions prises, révocabilité permanente des mandats, déspécialisation à tous les niveaux, absence de rémunération des parties prenantes.

Évidemment, les communautés expérimentales indiennes en question ont bien conscience qu’il ne s’agit là que d’un « espace de possibilités », toutes ces mesures de « décapitalisation » pouvant être perpétuellement améliorées, dépassées et burlesquement chahutées.

En route donc pour une « société de l’intensification des plaisirs et des joies », un « monde fait de nombreux mondes » faisant la nique à la tyrannie de la marchandise et de l’État, de l’argent et du travail asservissant.

Ya basta ! Je promets d’être un peu plus « youplaboum » la prochaine fois.

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