Ma cabane pas au Canada

Contraception masculine : les bourses ou la vie

Fin novembre 2016, le collectif Thomas Bouloù, originaire de Brest était depassage à Manifesten, célèbre lieu alternatif de Marseille, pour échanger sur les pratiques trop méconnues de contraception masculine.
D.R.

Longtemps on a pensé la contraception, hormis l’usage assez courant de la capote, comme un truc spécialement réservé aux filles ! Mais ce soir-là, à Manifesten, quatre garçons dans le vent et une fille font face à un public pour partager leur expérience de contraception masculine. L’exercice est peu courant : entendre parler publiquement des mecs de leur quéquette et de leurs ébats. J’emploie le mot « quéquette » non pas pour que vous gloussiez comme des dindes ou des élèves boutonneux de 4e option européenne dans la salle du collège Marie Curie de Vivejoie-la-Grande, où la dame de 59 ans du Planning familial est venue causer, mais dans le but sciemment avoué de préparer la génération suivante à comprendre sa contraception. Et toc.

Benjamin raconte comment il coud des slips chauffants tout en papotant avec ses copains. Il a 39 ans. Il est séropositif. En couple depuis 10 ans, il a vu sa charge virale baisser ces derniers temps. Il est devenu non contaminant. Avec sa compagne ils ont enfin pu baiser sans capote : «  J’ose pas vous raconter… » Baptiste, lui, genre alpiniste, utilise un « remonte-couilles » car il est démontré qu’en remontant ses bourses dans la cavité abdominale, il éviterait de faire un enfant à sa copine, qui n’en veut pas plus que lui ! Il porte son attirail de guerrier treize heures par jour et depuis des années n’a pas eu à se préoccuper d’une grossesse non désirée. Dans cette position, la production de spermatozoïdes chute.

La contraception thermique consiste à porter un sous-vêtement durant théoriquement quinze heures par jour, ce qui met ses testicules à 35 degrés et stoppe la spermatogénese. Les testicules chauffés sont engourdis et ne réagissent plus.

Emmanuel a 33 ans. Il est hétérosexuel : « J’ai pratiqué le retrait avec calcul des jours, une semaine avant et une après. » Comme il ne savait pas bien compter, un jour, c’est le drame. Une autre de ses copines n’en pouvait plus de la pilule. Ils essayent encore sa méthode donc le retrait, mais ça capote ! Chacun sait que pour se retirer il faut être soit très vif, soit très vieux. On est rarement les deux.

Emmanuel s’est lancé dans les injections de testostérone. Une méthode inventée par le docteur Mieusset à Toulouse. Chaque semaine il faut s’injecter dans le haut de la fesse un produit gras. « Ça m’a déséquilibré, je sentais une libido en hausse, les poils poussaient et je me sentais très excité après l’injection.  » Le genre Hulk mais pas en vert ! Le traitement hormonal n’est pas sans conséquences. Il ne l’est pas plus ni moins que pour les filles qui prennent la pilule. D’ailleurs, la compagne d’Emmanuel ne voulait plus de contraception tant ça l’a déréglée. Comme pour la contraception féminine,les effets secondaires des injections de testostérone montrent des prises de poids, de l’agressivité, un vote filloniste, de l’hypertension…

Aurélien, lui, s’est fait couper «  les choses  », comme il dit un peu radicalement pour évoquer sa vasectomie, soit la ligature des canaux déférents qui véhiculent les spermatozoïdes. Celle-ci n’a pas bouleversé sa sexualité. « Une légère incision dans les bourses. Le chirurgien coupe le canal et c’est cautérisé en quinze minutes  ». Plus long aura été le chemin de ce militant libertaire préoccupé de la domination des femmes, notamment en matière de contraception. Il aura fallu qu’il se prépare pour que le médecin accepte de l’opérer. « Avoir trente-cinq ans et trois enfants les convainquent généralement, mais c’est une obligation légale quand on le demande. » La mentalité est bien, encore, à la procréation. Aurélien rappelle le prix d’une intervention : « 87 euros contre 1 200 euros pour une ligature des trompes. »

Pour le collectif, les méthodes de contraception masculines ne sont pas meilleures que celles pour les femmes, mais les employer nous permet d’en partager la responsabilité.

Christophe Goby
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