Insee

Statistiquement précaire

Si les français ont le moral dans les chaussettes, que dire de celui des enquêtrices de l’Institut national de la statistique et des études économiques ?

Depuis plusieurs mois, les petites mains de la statistique officielle sont en grève, l’État souhaitant les contraindre à changer de statut, avec pour conséquence une précarisation accrue. Elles rouspètent de réunions en grèves car elles ne veulent pas d’un « CDI de pigiste », une spécialité du droit français que le Conseil d’État a pourtant dénoncé. La direction les enjoint d’aller se faire absorber par la loi Sauvadet – du nom du ministre de la Fonction publique – pour qu’elles bénéficient de ce pseudo-CDI qui n’en a pas les avantages : pas de congés maladie, pas de congés tout court, des payes qui dégringolent… Et, en guise de prime, des remboursements de frais en chute libre.

Alors, ces enquêtrices qui viennent chez vous à pas d’heure, questionnaire en main, pour « éclairer le débat public » refusent de retourner au chagrin. Les relevés du prix du chou en Auvergne, des cacahuètes à Concarneau, des panisses à Marseille et du carburant ne sont plus effectués depuis belle lurette. Leur direction affirme pourtant que cela ne modifie pas le fameux Indice des prix qui sert à calculer pension alimentaire et prix des loyers. La célèbre Enquête emploi, celle que soupèse le Bureau international du travail (BIT) de deux doigts experts pour livrer les chiffres des loquedus qui se dorent la pilule au chômage, n’est pas faite non plus. Tout comme l’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS) qu’affectionne tant le ministre de l’Intérieur Claude Guéant pour gloser sur la délinquance.

Les filles de l’Insee restent donc statiques dans la statistique. Et les prochains chiffres de l’organisme public seront bel et bien mis à caution.

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