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Alerte aux skeuds

Mortier lourd


paru dans CQFD n° 62 (décembre 2008), rubrique , par Pierre Etbunk
mis en ligne le 13/02/2009 - commentaires

APRÈS QUATRE ANNÉES D’ABSENCE, revoilà l’indispensable Tristan-Edern Vaquette ! Lui qui nous avait déjà gratifié, entre autres, d’un bouquin, trois CD, un spectacle de reprises d’un siècle et demi de chansons hard-core, un DVD, que pouvait-il bien inventer de nouveau ? Entre nos mains impatientes, une pochette de CD… rouge. Et une fois lancé, l’album révèle deux titres électro hip-hop mêlant sitar électrique et guitares saturées : une intro de deux minutes suivie d’un morceau de trente-cinq minutes. On comprend mieux le sous-titre de l’album, « 1er massacre ». Cet enthousiaste de Vaquette prend tellement de plaisir au carnage qu’il n’avait plus la place de faire rentrer une troisième chanson sur le bout de plastique. Ce sera visiblement pour plus tard. Mais tendons l’oreille, car les mélodies du pape du hardly-listening demandent une certaine concentration. Ne vous imaginez pas les utiliser comme fond sonore décontractant. Malgré des influences revendiquées punks, drôles et engagées, on a beau être attentif, on ne retrouve pas les bonnes grosses provos du passé, les paroles à se fendre la poire. Déjà, « J’veux être Grand et Beau », son précédent spectacle (Cf. CQFD n°32), ne déclenchait pas une heure d’irrésistibles fous rires mais des interludes drolatiques venaient tout de même égayer et illustrer des propos plus que sérieux. Aujourd’hui,plus le moindre petit sourire à l’écoute de « La conjuration de la peur ». Faut dire que notre époque, et pas seulement sous la plume de Vaquette, prête fort peu à la rigolade. Et comme il décide d’en être le procureur, elle s’en prend plein la gueule. L’époque certes, mais aussi ses acteurs.Tous ceux qui ont porté puis trahi les idées de 68, dévoré les libertés individuelles,empilé les lois sécuritaires, en un mot décidé de faire de la peur une méthode de gouvernement. Mais aussi les autres, en gros nous tous, courbant l’échine en attendant des jours meilleurs. Au final, le punk rouge, il y participerait presque à cette hégémonie de la peur, en dressant un tableau aussi noir, à la limite de la parano et en pronostiquant que les jours à venir seront encore pires avec un État et une pensée dominante toujours plus autoritaires et répressifs. Les trente-cinq minutes s’achèvent cependant sur une note d’espoir suggérant que toute période réactionnaire s’effondre face à la révolte spontanée et inattendue qu’elle finit par engendrer. Comparant notre époque à une cocotte-minute, il prophétise son explosion, sans être capable de nous dire combien de temps et à quel degré nous allons encore cuire. Finalement, on retrouve bien le Vaquette convaincu que son boulot d’artiste consiste à affaiblir les pouvoirs et à engendrer la réflexion sans apporter de réponses toutes faites. Allez, jetez-vous sur ce dernier massacre, découvrez des extraits sur le site www.crevez-tous.com et achetez l’album. Un spectacle en est aussi inspiré mais, pour l’instant, il n’est pas encore passé près de chez nous.



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Par Pierre Etbunk


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