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Les brèves du n°128


paru dans CQFD n°128 (janvier 2015), rubrique , par L’équipe de CQFD
mis en ligne le 14/02/2015 - commentaires

No God, no Boss

Le petit cortège de la manif des chômeurs et précaires avance tranquillement sur la Canebière, à Marseille, sous la pluie incessante de ce samedi 6 décembre. Sur le côté, une jeune femme bien habillée approche le défilé et tente d’y fourguer quelques échantillons promotionnels de la marque Hugo Boss. « Mais dégage, tu vois pas que c’est une manif de chômeurs ? », lui lance un quinquagénaire, un poil irascible. Une autre manifestante envoie la « représentante » poliment promener, avant de se faire houspiller par une amie. « Mais tu vois pas que c’est une galérienne comme nous ? » Gênée, la militante retourne voir la fille prise en sandwich entre le message qu’elle véhicule malgré elle et cette manif dont elle pourrait faire partie. « Moi aussi, je suis au chômage. J’ai terminé mes études de gestion en juin et je ne trouve rien dans ma branche. Là, je ne peux pas manifester, j’ai trois heures de distribution à faire. Mais je suis avec vous, je vous assure. C’est dur de se faire rejeter de cette façon. » Prolétaires de tous les pays, vous savez quoi faire.

Triangle jaune

A Marseille, on n’a pas de fric pour construire plus d’hébergements d’urgence pour les sans-abri, mais on a des idées, y compris nauséabondes. Le Samu social, la compagnie d’assurance privée AG2R et Xavier Mery, l’adjoint au maire (UMP) délégué à la Lutte contre l’exclusion, ont ainsi eu une de ces trop rares fulgurances, dignes d’un Zemmour  : faire porter aux SDF un triangle jaune, un petit badge sur lequel figurent l’identité, le numéro de Sécu et les maladies chroniques (insuffisance cardiaque, VIH, schizophrénie) dont souffrent les personnes qui l’arborent. Alors que la campagne de distribution battait son plein, les communicants de la municipalité, tous nés au XIXe siècle sans doute, ont voulu enfoncer le clou en convoquant toute la presse. Manque de bol, quelques dinosaures à l’esprit mal tourné y ont vu un clin d’œil un peu trop appuyé à un certain point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Patatras  ! Voilà la ministre de la Santé, Marisol Touraine herself, obligée de dénoncer le caractère inacceptable de l’opération et d’exiger sa cessation immédiate. Celles et ceux qui travaillent au quotidien avec les sans-abri en sont encore sidérés. « Quand on a appris cette histoire de triangles jaunes, on s’est énervés et on a dit que c’était inadmissible, qu’on ne pouvait pas cautionner ça. Cette mesure est complètement à côté de la plaque. Au-delà de l’aspect triangle jaune, qui nous rappelle des choses bien glauques, c’est un public qui est déjà très vulnérable et on voudrait le stigmatiser encore davantage… », désespère Fanny, une travailleuse sociale à Marseille où définitivement la vie est plus belle.

S’indigner pour Ali Ziri

Vendredi 12 décembre, la cour d’appel de Rennes a confirmé le non-lieu dans l’affaire de ce retraité kabyle, interpellé lors d’un trop banal contrôle de police et qui sortira les pieds devant du fourgon de police le soir du 9 juin 2009. Malgré les nombreuses traces d’hématomes constatées sur le corps de la victime, la justice ne semble rien vouloir trouver d’anormal au décès du chibani. La famille d’Ali Ziri s’est pourvue en cassation. De Ferguson à Argenteuil, la police peut donc tuer impunément ?



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