Les banquiers nous apprennent à vivre, nous qui vivons au-dessus de nos moyens

Les Grecs surtout, à qui l’on avait promis qu’en devenant européens – et s’ils faisaient une croix sur leur sacro-sainte sieste –, ils pourraient acheter de belles voitures neuves à crédit. Aujourd’hui, l’usurière de garde les tance : vous feriez mieux de payer vos impôts et la TVA sans pleurnicher, parce que les petits nègres d’Afrique sont bien plus malheureux que vous1 !

Et les Espagnols ! Ces cigales qui, au sortir du long hiver franquiste, ont chanté tout l’été sans piger qu’après la fiesta, il faudrait payer la facture au taulier. L’Europe avait été bienveillante en subventionnant autoroutes et partis politiques pour faciliter le transit vers la démocratie de marché. Généreuses, les banques ont tout financé : le bétonnage des côtes, le tourisme de masse, le roi, la reine et le Saint-Esprit, les films d’Almodovar, les syndicats, les crédits à la consommation, la paix sociale et celle des ménages, la noblesse latifundiste, l’agriculture hors-sol, les entrepreneurs mafieux… Aux Grecs, aux Espagnols et à nous autres, on a appris l’Europe comme on apprend aux chiens à être propres. Trime, consomme et vote là où on te dit de voter, citoyen !

Aujourd’hui, la bulle explose. Les banquiers ont joué, gagné beaucoup, puis, paraît-il, perdu chouia. Vite, il faut les recapitaliser ! Le gouvernement espagnol vient d’engloutir 23 milliards d’euros pour combler d’aise les coffres sans fond de Bankia, championne de la spéculation immobilière. Et il faudra sans doute y ajouter 100 milliards de fonds européens pour permettre aux maîtres de l’argent d’à nouveau prêter aux collectivités locales et à l’État à des taux prohibitifs. Les pertes sont publiques, les profits seront privés. « C’est pas une crise, c’est une arnaque ! », gueulaient les Indignés de Madrid… La plus grosse arnaque de l’histoire à ce stade, probablement.

Leur austérité, c’est l’état de pauvreté de l’humanité officiellement confirmée. Vous êtes sur terre pour souffrir, bandes de nazes ! martèlent les calvinistes de la finance virtuelle. Leur crise, c’est le système dans sa vérité nue, quand il fonctionne à plein régime, sans rien en face qui lui résiste. La règle d’or est immuable : si les riches sont toujours plus riches, c’est bon pour leur croissance.

Mais partout l’idée d’un renversement fait son chemin : austérité pour les banquiers, luxe et volupté pour les autres !


1 « Je pense que [les Grecs] devraient s’aider mutuellement en payant tous leurs impôts », a déclaré la présidente du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, selon The Guardian du 27 mai 2012.

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1 commentaire
  • 20 juin 2012, 13:22, par Christophe Vieren

    1- Le patron de la banque Dexia, Pierre Mariani, a gagné 1 809 411 euros.

    2- Le patron de la banque Société Générale, Frédéric Oudéa, a gagné 4 350 000 euros.

    3- Le patron de la banque Crédit Agricole, Jean-Paul Chifflet, a gagné 1 805 731 euros.

    4- Le patron de la banque BNP Paribas, Baudouin Prot, a gagné 2 713 015 euros.

    5- Le patron de Banque Populaire – Caisse d’Epargne, François Pérol, a gagné 1 606 000 euros.

    6- Le patron de la banque Natixis, Laurent Mignon, a gagné 2 000 000 d’euros.

    source : http://socioeconomie.wordpress.com/...

    Peut-être que si ils gagnaient moins ils travailleraient moins et feraient donc moins de bétises !

    Il ne s’agit là évidemment là que des PDG. Gageons que les autres dirigeants, et traders de tous poils, ne soient pas à plaindre et que la crise ne les émeut pas. L’équivalent de combien d’emplois publics, de minima sociaux, de crédit recherche, . . . ?

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