Humaniser l’urbanisme
Le banc des mis au ban
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Devant la mairie d’Ivry, ce samedi 12 janvier, une troupe de saltimbanques sur échasses célèbre la pose « sauvage » d’un banc public. Au milieu ça soude le banc au sol, pendant qu’autour une chorale entonne sur un air de Brassens : « Si en banlieue on retire tous les bancs publics, bancs publics / En s’foutant pas mal des sans-logis et de leurs problèmes / […] / Alors on y fera des banquets sans banquiers machiavéliques ! »
Depuis la veille, un Appel des amoureux des bancs publics a pris la place des publicités dans les panneaux du centre-ville. C’est une invitation pour la « re-pose » d’un banc public qui avait été retiré par la mairie six mois plus tôt. Officiellement « pour raisons de maintenance ». Une maintenance qui a fait disparaître les matelas et affaires des sans-abri à proximité. Certains habitants voient dans ce retrait un « discret coup de kärcher, pour éloigner quelques Roms qui dérangeaient autour de ce banc ». Un geste qui leur rappelle les nombreux dispositifs urbains anti-SDF, que dénonce par ailleurs la fondation Abbé-Pierre.
Avant Noël, des associatifs, artistes, boulangers et squatteurs du coin s’étaient réunis pour reconstruire ce banc circulaire autour de l’arbre face à la médiathèque. Ce samedi, une bonne centaine de personnes viennent assister à la fixation de ce banc bariolé et goûter aux abondantes galettes à la frangipane offertes par une boulangerie coopérative. En guise de prise de parole, ce collectif bigarré projettera Le Repos du fakir : un court film qui illustre les improbables contorsions nécessaires pour s’accommoder sur les pics des vitrines de banques, les bancs « innovants » de la RATP ou les galets « décoratifs » devant les entrées de copropriétés. À quand les Assises des assises ?
Cet article a été publié dans
Les échos du Chien rouge
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Paru dans Les échos du Chien rouge
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Illustré par Collectif La Rotative
Mis en ligne le 12.02.2019
Dans Les échos du Chien rouge