L’horoscope de l’été, par le Professeur Xanax de la Muerte

L’été sera plutôt chouchou, l’un dans l’autre, assure le Professeur pour son tout dernier horoscope.

Bélier : Capri ? C’est fini. Ibiza ? C’est cracra. Melun ? Pas moyen. Monastir ? Plutôt mourir. Du coup, tu vas passer les vacances sur Jean-Roger, ton canapé et meilleur ami, à enchaîner les daïquiris anisés. Même que ce sera pas triste. Et que si tout le monde faisait pareil, la planète irait mieux. Bravo Jean-Roger ! On t’aime ! Santé : Probables escarres. Cœur : La main à l’ouvrage.

Taureau : En vrai, le seul futur enviable, c’est celui de Kevin Costner dans Waterworld : une planète devenue pur océan, un catamaran pour la sillonner, des mouettes comme potes et des cascades en jet-ski quand tu t’emmerdes. Coup de bol, c’est exactement ce qui se profile pour ta pomme. C’est ballot pour le reste de l’humanité qui fait blub blub, bien sûr, mais tu devras à sa mémoire de kiffer à bloc. Santé : Iodverdose. Cœur : Birdy miam miam.

Gémeaux : Ah, Gémeau, ma chère, mon cher, t’es comme la première chips du paquet ou la petite pluie d’été, un must indépassable. Et à tous ces lecteurs et lectrices outré·es par un prétendu traitement de faveur te concernant, je ne dirai qu’une chose : z’êtes jaloux·ses parce que votre avenir c’est du pipi en comparaison. Change rien, galopin·e, l’été t’appartient ! Santé : Claquée au ciel. Cœur : Sur la route du grand love.

Cancer : Tel un marchand de ventilateurs en période caniculée, tu te frottes les mains en poussant des petits cris irritants, genre : « Youpi youpi », ou : « C’est d’la bombe, bb ». Alors oui, t’as le vent en poupe et t’as bien raison de l’exprimer, mais c’est un peu gênant, me glisse-t-on dans l’oreillette cosmique ; faudrait arrêter si tu veux garder des potes. Santé : Fracture de l’inertie. Cœur : Tu soûles mais tu chopes.

Lion : « Le dernier jour du disco / je veux le passer sur ta peau / à rougir comme un coquelicot ». Allez j’avoue, j’ai un faible pour Juliette Armanet et son tube de l’été. Pis se dérouler en émoi sur une peau qui plaît, c’est carrément un horizon d’élite. Ça tombe bien, c’est peu ou prou ton programme estival, petit·e polisson·ne. Profite, ça va swinguer du pelvis. Santé : Des rougeurs suspectes. Cœur : Disconible.

Vierge : Beyoncé. Frida Kahlo. Louis XIV. Soit un trio de personnalités nées sous le même signe que toi. Pas mal, hein ? D’autant que ton été ressemblera à un mixte de ces trois là : grâce, créativité, royauté. Et si quelqu’un te signale que Drucker et Hanouna sont vierges eux aussi, je t’invite à l’empaler sur le bâton merdeux de sa propre mesquinerie. Pas de pitié pour les pisse-froids, nom d’un hymen déter’ ! Santé : Des couronnes à poser. Cœur : Crazy in love.

Balance : « Non mais c’est pas du jeu, les balances prennent cher à chaque numéro ! » Croisée il y a genre trois semaines à des rencontres de la « presse pas pareille », t’étais sympa mais tu décolérais pas : « On est maudits ! Par ta faute ! Tu pourrais pas faire un effort ? » Du coup j’ai promis de redorer son blason. Dont acte : bravo les poukaves, z’êtes le signe du moment et l’été est à vous ! Santé : Hypra-bonne. Cœur : Tu te la donnes gravos – même que ça fume.

Scorpion : Ton été sera comme une après-midi à s’enjailler avec des potes devant des cubis de rosé. Premiers moments joyeux, avec glaçons qui tintent, des rires et des chants, tout ça. Puis au fil du temps la bouche se fera pâteuse et la conversation flottante. Tout ça pour en arriver fin août à vomir ses entrailles à genoux devant une cuvette douteuse. Paré·e pour la rentrée ! Santé : Dieu t’avait donné le foie ? Bah il l’a repris. Cœur : Rosé Joséphine.

Sagittaire : Flaubert, c’est pas le gars avec qui je serais parti en vacances ; paye ton relou. Il a d’ailleurs eu cette fulgurance : « L’été est une saison qui prête au comique. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais cela est. » Merci Gustave ! Ceci dit, te concernant, il a pas tort : il y aura beaucoup de rires dans tes estivités, avec des moments de pure poilade à la Laurel & Hardy, genre méduse dans ta gueule ou touriste allemand en claquettes-chaussettes crucifié sur le port de Douarnenez. MDR. Santé : Hilarante. Cœur : Tu suces des clowns.

Capricorne : Je sais pas si je t’ai dit, mais le concept de capricorne m’est un peu étranger. T’es quoi ? Un genre de chèvre à une corne ? Une lichèvre ? Paye ta gênance. Cependant, ton signe me fait penser au Capri-Sun, mixture préférée des jeunes dealers fans de Jul et boisson aux « fruits » dont le goût chimique évoque celui d’une partouze caniculaire dans les toilettes d’une station-service d’Orléans. Ce qui, ma foi, résume bien ton été : drogue, sexe glauque & Capri-Sun frelaté. Youpi. Santé : Relents suspects. Cœur : Sans plomb 69.

Verseau : Dans la Bible, t’sais, je suis fan du psaume 3:7, parce qu’il fait pas dans la dentelle : « Sauve-moi, mon Dieu ! Car tu frappes à la joue tous mes ennemis ! Tu brises les dents des méchants ! » Ceci dit j’aime pas trop Dieu, vu que c’est un gros boloss. Alors je te charge de cette mission, ô Verseau, toi qui cet été sera caliente de chez caliente : défonce tous mes ennemis. Et ramène-moi les ratiches de Darmanin, j’en ferai un collier. Santé : T’es trop chaud – fièvre à surveiller. Cœur : Bat et se bat.

Poissons : C’est le cœur serré, Poisson adoré, que je t’annonce que ceci est mon dernier horoscope, et que du coup je vais pas livrer ton avenir de friponne poiscaille mais plutôt faire des bisous à tous ceux sans qui rien n’aurait été possible : Paco Rabanne, les biscuits apéro Minizza et les cormorans de Malmousque. Et à celles et ceux qui lisent ces lignes : cessez de croire aux horoscopes et brûlez tout, nom d’un gnou. Santé : Arrête le Xanax. Cœur : L’amour est mort ? Vive l’amour !

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CQFD n°211 (juillet-août 2022)

Dans ce numéro d’été à visage psychotropé, un long et pimpant dossier « Schnouf qui peut » qui se plonge dans nos addictions, leurs élans et leurs impasses. Mais aussi : un reportage sur la Bretagne sous le joug d’une gentrification retorse, une analyse du quotidien de sans-papiers vivant « sous la menace », le récit d’une belle occupation d’usine à Florence, des jeux d’été bien achalandés, des cuites d’enfer, la dernière chronique « Je vous écris de l’Ehpad », des champignons magiques gobés avec des écrivains...

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