Politique, poétique, utopique
« L’Échaudée » : revue de critique totale
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L’Échaudée, comme si peu de revues, au fond, commence par échapper aux formules de la revue politique pour s’attaquer à un monde désastreusement formulé. Et comme nul ne sait mieux que l’âne où le bât le blesse, laissons Barthélémy et Ève nous parler de leur revue :
« L’Échaudée est une revue non marchande qui est diffusée en librairie, c’est-à-dire que nous ne cherchons pas à produire des bénéfices pour améliorer le sort de ceux qui l’animent. Les ventes servent à éditer les livres d’Ab irato et les numéros de la revue. C’est banal pour la plupart des revues et des micro éditeurs, mais c’est toujours mieux en le disant. Nous mélangeons dans L’Échaudée l’approche poétique, qu’elle s’exprime par des textes ou des images, et la critique du monde. Nous approchons les contributions par analogie, de thème, de démarche, de forme. Nous misons sur l’intelligence des lecteurs : à chacun de trouver ce qui l’intéresse. De la même façon, nous n’avons publié aucun éditorial dans L’Échaudée. Plutôt que les déclarations proclamatoires qui n’engagent que ceux qui les lisent (comme dirait l’autre), nous préférons que les lecteurs se fassent eux-mêmes une idée de L’Échaudée.
« Les images ne sont pas au service des idées. Elles sont des idées en elles-mêmes exprimées autrement. Le rapprochement d’un texte et d’une ou plusieurs images vient souvent par analogie (de sujet, d’approche). De même que les images n’illustrent pas les textes, elles n’ont pas forcément un contenu de contestation explicite. Mais tous les contributeurs de {{}}L’Échaudée partagent ce même rejet de la société existante. C’est ce commun rapport au monde qui donne leur unité à l’ensemble des contributions et aux différents numéros.
« L’Échaudée s’intéresse à la politique, mais plutôt que parler de “critique politique”, il faudrait plutôt dire critique sociale : c’est -à-dire la critique totale – si possible unitaire – de l’ensemble des rapports sociaux capitalistes, des plus évidents aux plus insidieux, et pas seulement la critique des organisations politiques et des individus qui les dirigent.
« Les rapports sociaux dominants imprègnent tous les moments de notre vie, jusqu’aux rêves lorsqu’ils s’insinuent sous forme d’angoisse voire de cauchemars, comme lorsque des gens se plaignaient non seulement de voir l’ancien président partout dans les médias, mais aussi dans leurs rêves sous forme d’angoisse… {{}} »
L’Échaudée est une production de la micro maison d’édition Ab irato. On retrouve d’ailleurs des auteurs des livres publiés par Ab irato dans la revue, comme Manuel Anceau, Alfredo Fernandes, Alain Joubert, Americo Nunes, Barthélémy Schwartz. Avec les autres contributeurs réguliers de la revue : Rachel Deville, Charles Jacquier, L.L. de Mars, Ève Mairot etc… Il y a des projets de livres avec certaines d’entre elles. On ne surprendra pas les lecteurs de CQFD en disant qu’Ab irato aussi s’intéresse à la critique sociale, l’approche poétique (texte et image) et à l’utopie. Comme L’Échaudée, Ab irato est animé depuis 2009 par Ève et Barthélémy.
Parmi les textes publiés :
• Le mouvement Occupy Wall Street • Entretien avec Ken Knabb sur les mouvements indignés américains • Déclin des syndicats américains • Le dépérissement de l’État aux États-Unis • Sur la classe dirigeante chinoise • Ricardo Flores Magon et la révolution mexicaine • Être mineur en Afrique du Sud • Nucléaire en France • Toyen, petits faits et gestes d’une grande dame • Zo d’Axa, la feuille qui ne tremblait pas • Gabrielle Wittkop, l’oeil du tigre • Pour une poétique de la révolution • Étienne Cabet, l’aventure icarienne ou la quête de la vie bonne • Proudhon et la propriété : un radical réformiste • Marxisme sans Marx, deux interprétations de la crise économique
Cet article a été publié dans
CQFD n°148 (novembre 2016)
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Paru dans CQFD n°148 (novembre 2016)
Par
Illustré par L.L. de Mars
Mis en ligne le 23.02.2019
Dans CQFD n°148 (novembre 2016)