Édito du 98

Attention ! L’Académie des sciences, une des plus hautes autorités de la République française, vient de rendre son avis sur Fukushima. Et elle a trouvé les bons mots pour définir l’explosion de la centrale, la contamination de centaines de kilomètres carrés, le déplacement massif de populations, les maladies à venir suite aux radiations. Pour ces savants, cela s’appelle « un défi [impliquant] des enseignements à tirer pour l’avenir de la filière nucléaire française » ! Car « l’énergie nucléaire est actuellement une composante essentielle des ressources énergétiques françaises et le restera longtemps en raison d’avantages reconnus. » D’autant que « quatre décennies d’expérience ont montré que l’impact sanitaire du nucléaire est bien moindre que celui d’autres sources principales d’énergie… »

D’ailleurs, pas de raison de s’inquiéter, puisque « l’industrie nucléaire est une succession de phases d’évolution et de ruptures technologiques [et qu’elle] est un enjeu considérable [justifiant] le renforcement des recherches ». Reste que les doctes académiciens préconisent quand même quelques sévères conseils comme « améliorer préventivement l’information et la communication [et] développer une épidémiologie d’accidents graves […] dotée d’un plateau technique permettant une observation en temps réel et un suivi exhaustif à long terme de la population. » Nous voilà rassurés. « C’est sûr que tout ce qui tourne autour du nucléaire, ça les excite à fond, tous ces gens-là. Zy’va le neutron et l’atome, et la matière et le noyau. Tripoter gaiement du photovoltaïque ou de l’hydrogène, réfléchir à autre chose, c’est pour les petits bras. Le nucléaire, c’est un sacré joujou », explique à CQFD un chercheur erroriste.

Heureusement que derrière les propos des industriels du nucléaire suintant la finance et des politiciens transpirant le chauvinisme et la République, la fine fleur des scientifiques vient objectivement étayer la valeur de cette belle industrie. Irréfutable !

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Paru dans CQFD n°98 (mars 2012)
Dans la rubrique Édito

Par L’équipe de CQFD
Mis en ligne le 15.03.2012