Édito du 92

Début septembre, la dernière enquête de l’Insee, intitulée « Revenus fiscaux et sociaux », nous apprenait que 13,5 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2009 (954 mirifiques euros par mois). Soit 400 000 gueux de plus que l’année précédente. Et, s’il y a davantage de pauvres, l’Insee affirme qu’ils le sont de plus en plus !

Imaginons un instant que Le Figaro proclame à la face du monde « les riches de plus en plus riches ! » avec la même énergie que celle déployée pour dire que « les pauvres sont de plus en pauvres ». Question de regard et de stratégie. Risque de mettre de l’huile sur le feu d’un côté et fatalitas de l’autre. Une bonne manière de préparer le terrain avec l’arrivée tous azimuts, des États-Unis à l’Europe, des plans de rigueur.

Le 6 septembre, plusieurs dizaines de milliers de salariés manifestaient en Espagne et en Italie contre les mesures d’austérité, pendant que continue à se développer un vaste sentiment de lassitude et de colère prenant mille formes : émeutes, occupations de place, marches, dégagitudes, rencontres, effritements des dogmes et des chapelles…

Faut-il entendre derrière les gémissements des plus riches qui souhaitent être plus imposés le futur plaidoyer qu’ils serviront à leurs victimes venues leur exiger des comptes ?