Édito du 85
Enfin une bonne nouvelle ! Le magazine Le Pèlerin du 6 janvier 2011 publie les résultats d’un énième sondage : « Huit actifs sur dix assurent aller avec plaisir au travail. » La TNS Sofres fait vraiment du bon boulot. Et honnête avec ça. Pour preuve, le groupe WPP, qui l’a rachetée en 2008, a installé son siège sur l’île de Jersey, réalisant ainsi une économie nette d’impôt de 200 millions d’euros par an…
Ainsi, comme les nains de Blanche-Neige, les Français vont au boulot en fredonnant l’air à succès des années staliniennes : « La vie est meilleure, camarade ! » C’est enfin confirmé : les salariés se réjouissent de la destruction du code du travail, de la stagnation des salaires, de la flexibilité qui les fait bosser plus en les payant pareil, des plans sociaux et des reconversions peanuts à l’étranger…
On sait maintenant que les stagiaires s’éclatent de ne pas toucher un fifrelin, de même que les contrats aidés qui marnent cinquante heures payées vingt. Quant à ceux qui mettent fin à leurs jours au turbin, ils auraient atteint un niveau de plaisir à la limite du supportable. « Miroir, miroir, dis-moi qui sont les plus beaux », s’auto-célèbrent les fabricants d’opinion à coups de vérités statistiques – parmi lesquels la sorcière Parisot, patronne des patrons, ex de la Sofres et actionnaire majoritaire de l’Ifop. On comprend mieux alors que ce soit le très catholique Pèlerin qui se fasse vecteur de cette révélation sur la jouissance au labeur. Dans la position du missionnaire ?
Cet article a été publié dans
CQFD n°85 (janvier 2011)
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Paru dans CQFD n°85 (janvier 2011)
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Mis en ligne le 15.01.2011
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