Bricolage nocturne

Dans la nuit du 11 au 12 février, la préfecture de Gironde, trois sous-préfectures du département et le journal Sud-Ouest ont reçu des boulons de pylônes de ligne à très haute tension (THT). Ces colis étaient accompagnés d’une lettre de soutien « aux inculpé(e)s de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) ».

« Cela fait penser au village de Tarnac, en Corrèze, où de jeunes militants de l’ultra-gauche étaient soupçonnés, en 2008, d’être à l’origine de sabotages sur les lignes SNCF », commente un fonctionnaire du renseignement intérieur. Les enquêteurs favorisent pour l’heure la piste du groupe de soutien local aux opposants à NDDL. Et pour cause les déclarations de soutien dans la lettre : « NDDL, THT, LGV, les ZAD1 sont partout. » L’action a eu lieu la veille du procès de deux opposants poursuivis pour s’être promenés nus près des gendarmes lors d’une intervention sur le site de NDDL en novembre 2012. La lettre contenait également la copie d’un rapport des renseignements généraux adressé à EDF en 1983 : « La situation risque d’être grave, car si l’on peut protéger les centrales nucléaires par des barbelés et éventuellement des pelotons de CRS, ce n’est pas le cas des pylônes. »

Les auteurs de ce larcin n’ont pas eu la délicatesse de préciser où les boulons ont été prélevés, ce qui oblige Réseau Transport électricité (RTE) à une fâcheuse mais nécessaire inspection de tous les pylônes du département. Après le déboire du RTE en Normandie demandant un milliard d’euros de dédommagement pour le manque à gagner dû aux déboulonnages de pylônes sur un an par le collectif Stop-THT dans le Cotentin, il semblerait que le procédé se propage sur le territoire. La molette serait-elle la clé qui déboulonnera le réseau nucléaire français ?


1 THT : très haute tension ; LGV : ligne à grande vitesse ; ZAD : zone d’aménagement différé / zone à défendre.

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Paru dans CQFD n°110 (avril 2013)
Dans la rubrique Billets

Par Ivan Ellul
Mis en ligne le 26.05.2013