Brèves du 80

Boss hunting > Une fière équipe,composée d’exouvriers de Moulinex,de membres du journal Fakir et de gérants de supérettes aux abois,s’est infiltrée dans une AG d’actionnaires du groupe Casino pour poser au big boss,Jean- Charles Naouri,quelques questions embarrassantes sur les conséquences sociales de ses rondelets dividendes. Règles de l’exercice : acheter quelques menues actions du groupe pour accéder au saint des saints et avoir droit à la parole,puis balancer du social là où la tambouille interne ne calcule que le profit exponentiel. L’équipe adverse n’a pas apprécié : Casino et son PDG réclament 75 000 euros au journal pour « acharnement médiatique ». Publié dans le n°46 de Fakir, ce reportage renoue pourtant avec la noble tradition d’un sport de classe : la chasse aux patrons.

Vacances à la rue > Le 6 juillet, les forces de l’ordre, en guise d’exercice matinal, ont expulsé manu militari le plus ancien campement rromde France, celui du quartier du Hanul, à Saint-Denis, en place depuis dix ans. Et pour terminer le boulot, des bulldozers ont défoncé le terrain. Une convention d’occupation n’avait-elle pas été signée entre la mairie et les Rroms en 2003 ? Oui, mais elle ne les protégeait pas d’une expulsion. Aucune décision de justice n’avait été notifiée aux intéressés ? Non, mais on ne va pas chipoter pour quelques bouts de papier. Si après ça Christian Lambert, ancien commissaire de police et tout nouveau préfet de Seine-Saint-Denis, ne palpe pas sa prime de résultat, c’est à désespérer…

La cité des 3 900 > Le néo-préfet Christian Lambert ne chôme décidément pas, ce mois de juillet : le 8, il a décidé d’expulser une centaine de personnes qui occupaient depuis un an une barre de la Cité des 4 000, à La Courneuve. Comme pour les Rroms du Hanul, le zélé représentant de l’État a eu l’immense bienveillance de proposer, en guise de solution de relogement, trois nuitées d’hôtel. Mais ces salauds de pauvres ont eu l’outrecuidance de refuser et d’installer un campement non loin de là. Quant à la barre ainsi évacuée,il est prévu de la détruire à la fin de l’année : des appartements vides qui servent à héberger des personnes sans logement, ce n’est pas ça qui va nous rassurer les marchés !

Libertad, ¡ por fin ! > Le Mexique rebelle est en fête : les douze prisonniers politiques d’Atenco – peines ubuesques,jusqu’à 112 ans de prison ! – ont été libérés après quatre ans de mobilisations et de recours légaux. Victimes d’une vengeance d’État ayant fait deux morts,des dizaines d’arrestations et de viols perpétrés par des flics à ce jour impunis, ils payaient l’affront qu’ils avaient fait subir au gouvernement en refusant de brader leurs terres communales convoitées par les autorités,qui veulent y construire un aéroport international. Les comuneros d’Atenco étaient accusés d’enlèvement en bande organisée pour avoir retenu pendant quelques heures des représentants de l’Administration venus convaincre leur Front des villages en défense de la terre (FPDT) que l’avenir était aérien.

Tourisme carcéral > La première ministre australienne, Julia Gillard,vient de trouver une nouvelle solution pour parer à l’afflux de gueux des pays pauvres sur son territoire à elle : construire un camp d’internement d’étrangers au Timor oriental. Jusque-là,grâce à la politique australienne de délocalisation des camps,le bas peuple du tiers-monde a eu l’occasion de visiter Nauru et la Papouasie (jusqu’en 2007),puis,une fois la « Solution Pacifique » écartée, l’île de Christmas. En 2001,alors que l’Australie refusait l’entrée dans ses eaux territoriales au Tampa,un cargo qui avait sauvé 400 Afghans en mer,un haut fonctionnaire australien déclarait déjà : « Ils sont libres d’aller où ils veulent sur la terre,en dehors de l’Australie. » En Libye peut-être ?

International camp > Depuis fin juin, 245 migrants érythréens sont entassés dans le camp de Brak, dans le désert libyen, où ils ont été acheminés par camion, au terme de 12 h de voyage dans des conteneurs bondés. Avant de les renvoyer dans leur riante contrée, la Libye prend le temps de les battre et de les priver d’eau. Et pour être sûr de ne pas être gêné dans son traitement des migrants, courant juin, le pays de Kadhafi a demandé au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), pourtant peu critique envers les politiques européennes en matière de refoulement, de fermer son bureau à Tripoli. Mais bon, pas de quoi s’inquiéter : puisqu’on vous dit que la Libye a ratifié fin 2009 la convention sur les réfugiés de l’Union africaine et qu’elle est sur le point de signer des accords de coopération avec l’Europe.

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