Brèves du 104
Serial maïs killer > Le 4 octobre dernier, l’autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) moquait publiquement le protocole scientifique utilisé par l’équipe du chercheur Gilles-Éric Séralini pour son étude du maïs génétiquement modifié, NK063. Cette étude avait mis en évidence que des rats nourris uniquement avec du NK063 avaient une fâcheuse tendance à se choper des tumeurs de la taille d’une balle de golf plutôt que leurs cousins cobayes astreints à un régime plus sain. Le fait que l’AESA ait été régulièrement épinglée, depuis sa création en 2002, pour le copinage de certains de ses membres avec un certain complexe agro-alimentaire, n’est évidemment en rien lié à la décision de cette prestigieuse institution.
Dégraissage scolaire > V’là les nouvelles pratiques pédagogiques de la conseillère principale d’éducation du lycée Edmond-Rostand, à Saint-Ouen-l’Aumône (95) : l’obligation faite aux élèves de signer des lettres de démission en début d’année, documents qui seraient brandis par la suite pour dégager facilement cancres et autres lycéens turbulents. Un procédé auparavant réservé aux grands lycées privés qui irriguerait les bahuts publics désireux de ne pas voir baisser leurs chiffres de réussite aux examens. 150 000 bambins en échec scolaire quittent tous les ans l’école en cours de route ; on attend encore le chiffre des départs volontaires et des départs forcés.
Robin des Bois précieux > Le 7 septembre dernier, le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho (social démocrate) a cru trouver l’idée de génie pour sortir son pays de la crise : augmenter les cotisations salariales de 11 à 18 % tout en baissant les cotisations patronales de 23,75 à 18 %. En clair : diminuer le coût du travail en faisant peser la douloureuse sur le râble des prolos. Trois semaines plus tard, c’est une véritable marée humaine qui déferlait dans les rues de Lisbonne aux cris de « Troïka et gouvernement, dégagez ! » Devant la fronde qui surprit jusque dans les rangs syndicaux, Coelho fit marche arrière. Pas complètement cependant. Avec un projet de budget 2013 aligné sur le dogme du tout « austéritaire », il n’en continue pas moins de mériter son sobriquet du moment de « Robin dos Bosques ao contrário ». Soit de Robin des Bois des riches.
La vie des bêtes > La publicité faite autour de l’université du Front National qui s’est déroulée fin septembre à La Baule (Loire-Atlantique) a malheureusement occulté la journée d’épreuves durant laquelle, dans la même ville, ont été présentés les meilleurs chiens policiers de notre fière patrie. C’est vrai qu’il pouvait y avoir confusion.
Temps de crise > Si cela ne s’était passé qu’à Saint-Jean-de-Védas (Hérault). Mais le phénomène a été aussi observé – et subi – à Gond-Pontouvre dans les Charentes. Sur le territoire de ces communes, courant septembre, il y a plu des matières fécales. Promesse de fertilité se réjouissent certains. Excellent augure pour jouer au loto, professent d’autres. Reste que d’un point de vue scientifique, l’explication semble simple : vue la densité de merde dans laquelle s’enfonce la population, il est logique que des nuages se forment.
Ça va faire mal > Le 4 octobre, Pascal Blain, le tout neuf directeur de Pôle emploi du Languedoc-Roussillon a décidé de taper fort. Attention ! À la fraîche, il a débarqué dans l’agence du canal du Midi à Carcassonne pour vendre les mérites du job dating, genre t’as un quart d’heure pour te vendre en singeant détermination et servilité. Là-dessus, il a foncé à Trèbes pour étreindre le directeur d’une boîte de climatisation-chauffage qui a fait quelques embauches ces derniers temps. À peine les larmes séchées, qu’il a refoncé à Carcassonne pour signer une convention avec la mairie. Puis, sans coup férir, c’est à Narbonne qu’il est réapparu pour parapher un accord avec la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment. Il devait précipitamment rejoindre le Père Ubu qui l’attendait au royaume de Pologne.
L’avenir radieux > L’année va être chargée pour les cent cinquante élèves de l’École de commerce internationale de Blagnac, à proximité de Toulouse. Au programme : la recherche du bonheur. Un court métrage devrait en fin d’année synthétiser leur travail. Le responsable du projet précise : « Ils devront assurer la promotion de leur réalisation et l’associer aux thèmes de leurs parcours d’études : la négociation, la fidélisation client, le marketing, la créativité et les réseaux sociaux » On est morts d’impatience !
Énergie > Emerson Rios Garcia était l’ex-candidat à la mairie de San Domingo Ingenio, petite ville de l’isthme de Tehuantepec dans l’État de Oaxaca. Il participait activement au mouvement d’opposition contre la construction de gigantesques parcs éoliens appartenant à EDF. Le 29 septembre, au matin, il a été abattu par deux tueurs à proximité de son domicile. La justice mexicaine se perd en conjectures sur les mobiles et les responsables de cet assassinat, en attendant que soit faite sur l’affaire toute la lumière, elle-même produite justement par EDF…
Cet article a été publié dans
CQFD n°104 (octobre 2012)
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Paru dans CQFD n°104 (octobre 2012)
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Mis en ligne le 15.10.2012
Dans CQFD n°104 (octobre 2012)
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