Mais revenons à Thomas More, jambon à cornes ! Examinons pourquoi, selon Thierry Paquot, ce n’était pas uniquement un parfait crétin quoiqu’il ait été trésorier-adjoint du royaume, et chancelier, et conseiller d’Henri VIII, et buveur d’eau, et puis qu’il ait été béatifié à Rome en 1886 et canonisé en 1935 par le Vatican. Au programme de Saint Thomas : Abolition de la propriété privée. Les maisons « coquettes » et fleuries, équipées en fenêtres vitrées et dotées de jardins splendides, sont tirées au sort. Et on en change tous les dix ans. Abolition de la monnaie. Personne n’est plus noble ni plus riche qu’un autre. Gratuité. Sans contrepartie, on peut se fournir dans des centres d’échanges permanents et sur des marchés temporaires. Abolition des guerres. Vieillards choyés. Droit à l’euthanasie.
Mais, mais, mais, y a les hic. Famille. C’est le pivot social de base. Les plus séniles détiennent les vrais pouvoirs. Servitude. « Les étrangers », c’est-à-dire les prisonniers de guerre (tant qu’il y en a encore, des guerres) et les travailleurs immigrés volontaires constituent « les serviteurs ». Les premiers portent des chaînes mais ils sont mieux traités que les « utopiens fautifs », apprend-on. Éducation. Les élèves surdoués sont dispensés des travaux ordinaires. Nourriture. La cuisine est préparée par les femmes. Chaque repas, midi et soir, commence par une lecture édifiante. Pendant les repas, les hommes sont dos au mur afin que les femmes, si nécessaire, continuent à allaiter leurs nouveau-nés. Sexe. Pas de relations libidinales hors mariage. Pas de bisexualité, pas de jeux de séduction.
Alors les gustaves, malgré ses bons côtés, c’est-t’y une andouille ou c’est-t’y pas une andouille, le saint Thomas More ?