« Les révolutions, on ne les remporte pas, on les fait. »

Titre : citation de la biographe de Durruti d’Abel Paz.

Le coûteux coffret des Œuvres complètes de Saint-Simon (Puf) ne vaut pas la peine d’être chapardé. Ne prenez pas de risques pour ce réformiste barbant. Les vrais utopistes bandatoires, on ne le hurlera jamais assez à la lune, c’est Fourier, Déjacque, Coeurderoy, Holloway, Vaneigem et le Gébé de L’An 01.

Sympathique veillée au coin du feu chez les anarcho-primitivistes.

Plus facile à faucher, L’Écologie radicale du Belge Frédéric Dufoing (Infolio) a l’intelligence de ne pas proposer « une meilleure manière d’agir » mais « une autre manière d’agir ». « Il ne s’agit pas d’utiliser mieux les outils mais de changer d’outils. » Après un bon tour de piste historique où l’on n’oublie pas d’analyser les positions sur l’environnement et la révolution de Günther Anders, Ivan Illich, François Partant, Baudrillard, Ellul et Debord, le livre examine les projets de société actuels les moins tartignolles, ceux qui entendent « remettre en cause les fondements mêmes de notre mode de vie ». Soit le décroissantisme, l’écologie profonde et le biorégionalisme, l’écologie sociale de Murray Bookchin, l’éco-agrarianisme de Wendell Berry et, bien sûr, l’anarcho-primitivisme de John Zerzan combinant les valeurs anarchistes et féministes avec l’imaginaire de la « wilderness » (Thoreau !), la critique féroce de la technologie (Adorno !), l’anthropologie de combat (Clastres !), l’idée de self-realization non-mystique et la rage ravacholesque contre la société industrielle d’un Unabomber (boum ! boum !). Dufoing épingle quelques traits communs entre ces styles d’alternatives. Pour chacune d’entre elles, « les conditions sine qua non de l’autarcie et de l’autonomie », c’est un/les contre-sociétés de petite taille permettant un rapport direct des sens au réel et de l’individu à la nature et au groupe ; deux/la spontanéité créatrice permanente ; trois/la valorisation de l’hétérogénéité et donc « le refus d’un quelconque monopole » et l’ouverture sur les surprises.

À lire aussi Ouvriers contre le travail (Senonevero), dont l’immense intérêt est contenu dans son titre. Avec un culot qui devrait hérisser bien des poils, Michael Seidman y démontre que pendant les Fronts populaires de Paris et de Barcelone, des branlées de prolos luttaient non pas pour construire un État ouvrier où le turbin serait moins pénible mais pour abolir le travail salarié en soi. Les historiens de gauche feignent souvent d’ignorer que pendant les grandes expériences de « contrôle ouvrier  » de l’Histoire, en particulier celles des années 1935, la résistance au travail continua peinardement : absentéisme, coulage des cadences, vols, grèves-éclairs, sabotages, bastonnades de petits chefs. Allons boire un coup à la santé des « camarades indisciplinés » voués aux gémonies dans la presse PCF du Front populaire.

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