Fausses amies

Il est devenu difficile pour cette frange de la population qui a toujours vécu grâce à l’exploitation par l’homme de l’homme, et donc beaucoup de la femme, de nier le bonheur, la liberté, le soulagement que le féminisme a permis d’apporter dans nos vies. Personne de sensé de nos jours ne peut prétendre revenir sur le droit à l’avortement, sur la possibilité d’avoir un compte bancaire à son nom, sur le droit de vote, etc.

Pour attaquer les droits des femmes, la meilleure méthode finalement, c’est de se dire féministe ! Seule une féministe estampillée comme telle par les médias peut se permettre de dire « bon, les femmes, vous êtes gentilles, ça commence à aller, faut pas non plus faire chier trop… »

Par Caroline Sury

On trouve deux exemples de ces figures patentées du féminisme « jaune ». La première est Élisabeth Badinter. Fille de Marcel Bleustein-Blanchet, le fondateur d’une grande agence d’enlaidissement du paysage et de colonisation mentale (Publicis), dont elle est l’actionnaire numéro un, Élisabeth Badinter doit sa fortune à la réduction du corps des femmes en objet sexuel sur panneau 4x31. Dans ces livres, notamment Fausse route (Jacob, 2003), elle attaque la prétendue « misandrie contemporaine » qu’aurait instaurée les féministes radicales, le couteau castrateur entre les dents. Républicaine avant d’être féministe, elle avait approuvé les lois anti-voile mais s’était érigée contre la loi sur la parité en politique qui introduirait une « discrimination » envers les femmes… cherchez l’erreur.

L’écrivaine Nancy Huston, avec moins de morgue, représente une autre de ces figures de l’upperclass qui contribue à saper par des techniques vicieuses la timide et difficile prise de parole des dominées. Canadienne installée en France, auteur de plusieurs livres comme Reflets dans un œil d’homme (Actes Sud, 2012), Nancy Huston plaît beaucoup aux médias. Dans ses livres elle attaque Beauvoir et la théorie des genres. Dans Le Monde, elle décrète que « déjà à la naissance […] filles et garçons n’ont pas les mêmes comportements », ce qui n’a pas manqué de faire bondir pas mal de monde2. Sur France Culture (« Hors Champ » du 25 mai) elle remet le couvert en prétendant qu’on ne peut pas être femme sans avoir d’enfants et que les hommes sont biologiquement constitués pour être attirés par des jeunes femmes fertiles de vingt ans…

Ces discours prétenduement féministes consistent à dire que la domination masculine est un concept vulgaire, simpliste, dépassé, que les choses sont plus complexes, qu’il n’est plus besoin de se battre, que les problèmes sont de l’autre côté de la Méditerranée, que chez nous il faut au contraire prendre soin des pauvres petits hommes terrorisés… fermez le ban.

Une seule réponse à ces tissus d’horreurs démobilisatrice : offrir des vacances sous les tropiques à leurs femmes de ménage puis condamner ces bourgeoises à passer le balai dans toute la superficie de leurs propriétés : gageons qu’elles n’auraient plus le temps d’écrire des livres. Ben quoi ? La méthode a marché pendant des siècles !


1 Selon Challenges, en 2011 Mme Badinter serait la 56e fortune française.

2 Lire « Sexes et races, deux réalités », Le Monde du 19 mai. Voir les réponses de l’écrivain Alexis Jenni dans Le Monde et de Christine Détrez dans Libération.

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4 commentaires
  • 31 juillet 2013, 13:09

    Très juste perception de ces dites féministes.

  • 1er août 2013, 01:52, par Jumo

    Merci pour ce petit post mais pitié les théories du genre ça ne veut rien dire. on parle d’études sur le (de) genre pour éviter de contribuer au massacre de cette branche de la socio. Merci !

  • 2 août 2013, 12:24, par Mojo

    @ Jumo Entièrement d’accord avec vous, les théories du genre ne veulent rien dire. Et masquer leur caractère purement idéologique derrière le terme scientifique d’« étude » n’est qu’un enfumage supplémentaire.

  • 7 août 2013, 14:38, par Maboulox

    Bonjour, je trouve regrettable de préciser qu’une personne est la fille/le fils/ l’oncle/la petite copine d’une personne qui aurait fait du mal, je ne vois pas très bien en quoi une personne est responsable de cela surtout quand ce sont des faits totalement sans rapport avec le sujet. Je suis moi même un homme de gauche dont un membre de la famille a trafiqué des armes pour l’OAS, est-ce qu’on pourrait me le reprocher si demain j’avais un désaccord avec vous sur le financement de la sécurité sociale ?

    Cela étant dit, je suis d’accord avec vous sur la plupart des critiques que vous formulez à propos d’Elisabeth Badinter, néanmoins je pense qu’il ne faut pas la mettre sur le même plan qu’une Nancy Huston qui a un discours de type néo-réac à la Zemmour/Lévy alors que EB reconnait que les identités féminines et masculine sont des constructions sociales, si la totalité de la population en était convaincu, ça serait déjà formidable.

    Bravo pour votre travail et désolé pour les fautes d’orthographe éventuel.

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Paru dans CQFD n°112 (Juin 2013)
Dans la rubrique Casse noisettes

Par Casse-noisette
Illustré par Caroline Sury

Mis en ligne le 31.07.2013