Faire sans pilote

Un avion rempli de Teutons se prend une montagne et toute la presse d’excellence déverse des tonnes d’ineptie sur ses ondes et ses papiers velus. Jean-Pierre Elkabbach veut savoir s’il n’y a pas un nom arabe sur la liste des passagers. Cela serait tellement bon, un attentat dans les Alpes ! Alors ils questionnent leurs experts et leur armée de reporters entourés d’hélicos, cuisinant pompiers et sauveteurs au plus près des lieux du drame. Y avait-il un pilote dans l’avion ? Non, juste un copilote dépressif. Il faudrait remettre du personnel, éructent les épouvantables journalistes de BFM-TV, qui passent le plus clair de leur temps à expliquer comment licencier pour faire du cash. EasyJet et ses consœurs devront embaucher, mais en low cost. Vous ne vous rappelez pas la grève à Air France contre Transavia et les torrents de merde déversés sur les syndicats irresponsables ? Et le PDG de Ryanair qui menaçait d’emporter ses cercueils volants vers des cieux sans charges sociales… Du coup, comment lutter contre la dépression ? Leur faire bouffer des cachets fourrés à la bonne humeur ? Ok, mais les scénarios catastrophes seront toujours les plus vendeurs. Depuis la tragédie grecque, la terreur est le moteur du théâtre. La boîte noire joue aujourd’hui le rôle du Coryphée. On l’attend, avec son message de Cassandre. 

Et CQFD, puisqu’il n’a pas les moyens de partir à l’assaut de sommets parsemés de cadavres, poursuit son bonhomme de chemin avec un dossier sur « Quoi faire sans l’État ». On t’y cause encore du carnaval de La Plaine, mais c’est la dernière fois cette année. Nos collègues du Ravi qui pleurnichent pour payer leurs dettes comme les Grecs, c’est la dernière fois, juré ! Les Chinois, dernière fois, craché !

Flash-info dernière : «  Il venait d’une bonne famille, c’était un bon garçon », apprend-on. « Il a un côté mégalomane », affirme un psy en parlant de suicide de masse. Le Spiegel rappelle qu’il avait fait un burn-out pendant sa formation. « Il devrait être en arrêt maladie », à ce jour. Bild titre sur le pilote amok. VSD rassure : les vols sur Ibiza ne sont pas annulés. Le Point demande si un tir de missile ne venait pas des quartiers nord de Marseille. L’info en continu roule sa bosse : le frais est un moment du veau, comme disait Debord. Désolé, le copilote ne s’appelait pas Helmut Coulibaly. C’est bien le terrorisme de la normalité qui vient de s’écraser sur nos écrans totaux.

Par Pirikk.
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2 commentaires
  • 4 avril 2015, 07:54, par Le Yéti

    Pas grave, ils ont trouvé la parade pour éviter la prochaine catastrophe : réouvrir la porte de la cabine de pilotage.

    Et y mettre deux pilotes... non, trois : deux en permanence qui se surveilleront l’un l’autre, plus forcément un troisième pour pallier aux absences pipi éventuelles d’un des deux premiers.

    Le tour est joué, la sécurité est garantie !

  • 7 avril 2015, 11:36, par Crieur.

    « Un avion rempli de teutons » ... Beaucoup de passagers étaient espagnols, entre autres nationalités. Pourquoi l’emploi de « teutons », alors ? C’est raciste, point barre. Indigne de CQFD.

    • 9 avril 2015, 07:09

      « ou comment voir des poux sur la tête d’un chauve »

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