Brèves du 105

Enchristés > « Les moines et les moniales sont reclus volontairement tandis que les détenus sont reclus pour leur erreur », a psalmodié étienne Piquet-Gauthier, dirigeant de Donifico, boîte spécialisée dans le conseil en mécénat chrétien. L’objet de sa belle envolée : la participation de prisonniers à la construction du monastère Saint-Joseph, à Puimisson (Hérault), dans le cadre d’un partenariat entre l’administration pénitentiaire, Pôle emploi et la mission locale d’insertion. En 2011, une quinzaine de détenus ont manié la pioche pour la plus grande joie des frères de la communauté de Saint-Joseph. Sublimés par une telle communion, les reclus auraient donné leur aval pour remettre ça lors de la seconde tranche des travaux. Abolie, la double peine ?

Mise au pas > 2 514,64 euros. C’est la somme que devra acquitter le docteur Poupardin à la CPAM du Val-de-Marne pour avoir permis à des malades atteints d’affection de longue durée (ALD) de bénéficier d’une prise en charge à 100 %. Des années que ce médecin se bat contre l’idée absurde de découper en tranches la prise à charge des bénéficiaires de l’ALD (CQFD n°73). Totale hérésie aux yeux des technocrates de la Sécurité sociale, pour qui l’avenir de notre système de soins doit passer par une « responsabilisation » du malade. La preuve : le conseil d’État vient de confirmer que l’hypertension artérielle ne sera plus prise en charge à 100 %. Plus de 4 millions de malades sont concernés. Qui ne pèsent pas lourd face aux 20 millions d’euros d’économies escomptées.

Pain au chocolat > Après une plainte de l’extrême droitière Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité (sic), le tribunal de Paris a mis en examen le sociologue Saïd Bouamama et Saïd du groupe ZEP pour « injures publiques envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une race ou une religion ». En 2010, les deux Saïd ont sorti un bouquin, Nique la France – Devoir d’insolence, et un morceau de hip-hop éponyme : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents, et ses réflexes paternalistes. Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes. » « Pourquoi Aragon peut-il écrire “Je conchie la France impérialiste” et pas Saïd ? », se demande Bouamama. Aragon bientôt condamné à titre posthume pour racisme anti-blanc ? L’instruction suit son cours…

Royaume européen > Des protestataires ont hué, le 10 octobre, de hauts dignitaires européens accourus à un banquet organisé par les « Amis de l’Europe », sous les auspices de GDF-Suez. Les trois cents manifestants serrés par la police ont fini la soirée menottés et enfermés dans une caserne, en attendant le digestif. Le 31 octobre, les mêmes, regroupés sous la bannière des comités d’action contre l’austérité en Europe, ont envahi les locaux de l’Office national de l’emploi, la veille de l’entrée en vigueur de nouvelles mesures de baisse de 12 à 40 % des allocations, mesures concernant entre 130 000 et 200 000 personnes. Victoire provisoire : leur application a été suspendue. Avec les appels à la grève se multipliant dans divers pays, ce petit quelque chose de pourri qui règne en Europe commencerait-il à fermenter ?

La télé tue > Il est resté des mois devant sa télé à Mons-en-Barœul. Il était mort. L’histoire ne dit pas quelle chaîne il regardait, ni s’il était à jour de sa redevance. Peut-être que la télé ne l’a pas vraiment assassiné, mais en tout cas elle ne l’a pas aidé à rompre sa solitude.

L’or du temps > Des habitants de Iérissos, petite ville de Chalcidique, dans le nord de la Grèce, s’opposent à l’ouverture de mines d’or. Malgré leurs recours légaux, le ministère de l’Environnement a, en juillet 2011, délivré les autorisations d’exploitation. Mais en mars 2012, ça a tourné à l’émeute. Depuis, il n’est pas une initiative gouvernementale qui ne transforme les rues de cette bourgade balnéaire en champ de bataille. Les lamentations des autorités, qui parlent création d’emplois et bénéfices susceptibles de calmer la Troïka, n’y font rien. « Pas question ! », clament les opposants, dont les rangs augmentent à chaque tentative d’ouverture des mines. À Iérissos comme à Tarente (CQFD n°103), souffle un air nouveau : «  Plutôt vivre que de subir le chantage au travail. »

Mille soleils levants > Selon l’expert Arnold Gundersen, Tepco, la firme exploitant la centrale de Fukushima, a trouvé la solution pour supprimer les fissures détectées dans les fondations du bâtiment n° 4 : en maquillant les images du site avec Photoshop. Et cette réalité virtuelle prouverait que la piscine posée à trente mètres de hauteur et où trempent deux cent soixante-quatre tonnes d’assemblages radioactifs ne menace en rien de basculer. En cas contraire, les températures engendrées par une telle chute provoqueraient « des émissions de césium 137 dix fois supérieures à celles provoquées par l’explosion de Tchernobyl », s’alarme Robert Alvarez, ancien chef du département de l’énergie de Bill Clinton. Où va-t-on, si la méfiance envers le nucléaire s’étend aussi aux images officielles ?

Tradition > Le 27 octobre 2011, huit opposants à la construction du TGV devant balafrer les paysages du Béarn et du Pays basque avaient entarté à la meringue Yolanda Barcina, présidente de la Navarre, lors de son passage à Toulouse. Arrêtés à Pampelune, quatre de ces criminels pâtissiers ont été déférés le 16 novembre devant ce tribunal d’exception hérité du franquisme qu’est l’Audiencia nacional de Madrid, où le procureur a réclamé des peines allant de quatre à neuf ans de prison. Heureusement qu’il n’y avait pas de cerise sur le gâteau, c’eût été l’occasion de rétablir le supplice du garrot vil.

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Paru dans CQFD n°105 (novembre 2012)
Dans la rubrique En bref

Par L’équipe de CQFD
Mis en ligne le 16.11.2012