Bavures

Seconde mort d’Ali Ziri

Le 14 janvier dernier était une date importante : c’est dans le froid mais sous un ciel ensoleillé qu’a été inaugurée à Argenteuil une plaque en hommage au chibani Ali Ziri indiquant : « Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009, suite à son interpellation par la police nationale, ici-même. » Le seul précédent était une plaque en l’honneur de Malik Oussekine. Un geste d’autant plus fort que le procureur venait de requérir un non-lieu pour les policiers, qui sont toujours en poste au commissariat d’Argenteuil, alors même qu’Arezki Kerfali, ami d’enfance du chibani, arrêté avec lui et traîné dans son vomi au commissariat, doit, lui, passer devant le juge le 8 mars prochain pour « outrage ».

Au-delà du symbole, il s’agissait surtout de réunir les différents collectifs Vérité et justice de France. « Localement, on n’arrive pas à faire que le pot de terre gagne contre le pot de fer, explique Omar Slaouti, du collectif Ali Ziri, et nous espérons que ce qui s’est joué aujourd’hui va consolider les rapports entre nous pour faire un front commun contre toutes les violences policières. »

Ont témoigné donc, tantôt avec une émotion retenue, tantôt avec colère, tantôt avec des larmes, mais toujours avec dignité : Arezki Kerfali, Ramata, sœur de Lamine Dieng, étouffé à 25 ans par des policiers en juin 2007, le père d’Abdelhakim Ajimi, mort à Grasse (Alpes-Maritimes) en mai 2008, l’oncle de Mahamadou Marega, jeune Malien mort il y a un peu plus d’un an à Colombes (Hauts-de-Seine) après avoir été électrocuté au Taser et gazé.

Avec beaucoup de cœur, Omar Slaouti désigne l’objectif à atteindre : « Nous ne sommes pas des citoyens et des citoyennes de seconde zone, même si on vit dans des quartiers populaires, même si on a un accent qui est accroché sur le coin du visage ou sur le coin d’un prénom. Nous demandons l’égalité devant la justice, devant la police, devant les services publics. »

Une mobilisation nationale est en vue. En attendant, un premier collectif réunissant cinq familles dont celle de Lamine Dieng, le collectif Vies volées par la police, a été fondé en mars 2011.

Le 1er février, sous la pression des syndicats de police et de l’État, le maire socialiste d’Argenteuil, Philippe Doucet, a fait retirer la plaque en hommage à Ali Ziri, financée notamment par une collecte au cours de la manifestation du 14 janvier, afin qu’elle soit une propriété collective. Manifestation où l’édile était présent…

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Paru dans CQFD n°97 (février 2012)
Par Ornella Guyet
Mis en ligne le 06.04.2012