Mayotte : « Enterrés comme des zébus »

LA LOGIQUE EST IMPARABLE. « L’État renvoie les Anjouanais vivants, il peut bien renvoyer les Anjouanais morts ! » Ou les entasser dans une fosse commune, comme il le fait avec les vivants dans le centre de rétention administrative le plus surpeuplé du pays…

Repêchés le 21 novembre dans la commune de Bouéni, après que leur embarcation en provenance d’Anjouan, à 100 km de là, a chaviré, les corps des victimes recensées auraient dû être enterrés dans cette même commune. Oui mais voilà : à Bouéni, on n’en veut pas de ces Sales-Autres. Alors on – des dizaines de femmes devant la mairie – manifeste. Et on – les élus – suit. « Au début, la mairie refusait carrément de signer les actes de décès. J’imagine qu’ils avaient peur que cela ne les oblige à les enterrer », se désole un haut fonctionnaire. « Nous n’avons pas d’engin pour creuser une fosse commune », répond le premier adjoint du maire, comme pour renvoyer l’ostracisme populaire à l’égard de ceux qui ne sont,après tout, que des frères, à celui plus cynique de l’État, pour qui ils ne sont, il est vrai, que des chiffres.

Car la suite, gérée par la préfecture, n’est guère plus raffinée : un enterrement dans une fosse commune du cimetière du chef-lieu,l’interdiction par le croque-mort en chef d’assister à la mise en terre, que l’on soit proche, simple coréligionnaire ou journaliste ; et le mépris de certaines règles islamiques de base comme la lecture des prières et les ablutions… « Enterrés comme des zébus », a titré un journal local.

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